Par spéculation vérifié, j'entends par exemple que les lois de Mendel, généticien amateur et moine bénédictin, responsable pour l'horticulture des légumineuses de son monstère, ont été vérifiés par l'étude des chromosomes dans le microscope depuis, pendant le XXième siècle. Et la chimie de Scheele a été vérifiée par la microscopie électronique qui a découvert des globules qui correspondent à des atomes théoriquement trouvés en spéculation.
On pourrait aussi parler d'une spéculation vérifiée par spéculation stricte, c'est à dire par l'exclusion spéculative de toute solution alternative aux problèmes. Comme St Thomas d'abord identifie un principe ou peu de principes pour l'existence, et ensuite enlève chaque attribut de ce principe qui n'est pas cohérent avec le Théisme Chrétien "classique" ou historique. Mais là aussi, il y a une vérification concrète dans les histoires des miracles, à moins qu'on fasse un saute de foi en supprimant à priori chaque histoire miraculeuse comme mal comprise ou mal documentée, ce qui demande un grand effort d'esprit et qui ne le laisse pas indemne, une fois qu'on entre dans les détails de l'histoire. Et notons que la preuve la plus abordable pour Dieu pour un esprit normal, selon Saint Thomas, est celle qu'il donne dans sa prêche sur le crédo, celle qui repose sur les miracles du Christianisme et de son précurseur le Judaïsme de l'Ancienne Alliance (non pas à confondre avec Judaïsme des Rabbins de Jamnia et de leurs continuatuers dans les deux Talmud). "Car nous voyons que tout le monde est croyant" - nous savons nous-mêmes par histoire que tout le monde l'était - "et donc soit ils le sont devenus en voyant de leurs yeux les miracles, soit, s'ils n'ont pas vu des miracles, c'est un encore plus grand merveille que tout le monde ait pu accepter une foi tellement exigeante que le Christianisme sans de voir des épreuves miraculeuses. Contrastons sa confiance dans la raison des hommes dans la plupart des cas avec l'attitude de Hume, aujourd'hui défendu (tant qu'il y arrive) par NN qui plus il lit des récits de miracles d'une époque, plus il est sûr que les gens de cette époque acceptaient des miracles sans aucune notion véritable de la vérification des faits. Un exemple ridicule se trouve dans l'historiographie de St Patrick d'Irlande. On base aujourd'hui tout sur ses deux propres écrits, une autobiographie et une lettre à un cheftain Briton trop Brigand ou Pirate pour son goût. Là, il ne parle pas de ses propres miracles (sauf la délivrance miraculeuse de l'esclavage) et là les historiens de nos jours ont confiance. Les autres sources parlent biensûr tous de ses miracles, parce qu'il en faisait et parce que ça saute dans les yeux. Donc, "pas fiables" selon les historiographes de nos jours,avec peu d'exceptions honorables. Mais pour les gens plus normaux que les humiens et les kantiens (car Kant était un dévôt de Hume), les récits des miracles sont suffisemment crédibles d'établir comme vérification concrète l'existence et l'action de Dieu même en présence de la cosmologie moderne. Dont nous venons de nous poser la question si elle-même est juste spéculation ou spéculation concrètement vérifiée. Car de la spéculation vérifié par la spéculation très stricte on ne s'attend pas de nos jours, sauf des thomistes.
Bon, avant d'aborder la réponse, encore une fois - je l'ai déjà abordée dans la série qui porte les noms de Galilée et de Laplace plutôt que de Chaberlot, écoutons ou plutôt lisons ce que Chaberlot nous admet librement là-dessus:
Il semblerait donc que nous devons distinguer "science" et "spéculation". Mais les scientifiques, les historiens et les philosophes des sciences d'aujourd'hui savent qu'il convient de nuancer la distinction entre science moderne et spéculation pure, car la frontière qui les sépare est floue. Un des aspects du flou de cette distinction provient du fait que la spéculation, loin d'être bannie de la science moderne, en est un élément constitutif. Nous verrons dans les chapitres suivants que nombre des théories sur la Voie lactée (surtout celles qui envisagent la Galaxie comme une nébuleuse spirale) sont qualitatives et spéculatives, quand même bien elles sont exposées par des savants et astronomes du XIXième et du début du XXième siècle, qui se reclament d'une conception positiviste de la science. Et nous avons déjà mentionné que même dans une discipline comme la statistique stellaire considérée dès ses débuts avec Herschel comme "scientifique", certains aspects spéculatifs jouent une part importante et nécessaire à la construction des modèles et théories. En fait, nous savons de nos jours que la spéculation est indispensable au progrès scientifique. S'il est vrai que, dans certains cas, la spéculation pure constitue un obstacle à la démarche scientifique (la croyance en l'immutabilité et la perfection des cieux en est un exemple connu), il n'en est pas moins vrai que, dans d'autres cas, elle en est le moteur (comme l'ont été par exemple les cosmogonies de Kant et de Laplace).
Les cosmogonies de Kant et de Laplace sont spéculation pure. Elles jouent pourtant dans le champ du "bien" des sciences, car elles ont contribué à "la démarche scientifique". Quoi que ce soit que ça signifie.
Mais la croyance, à la base observationnelle, due à une induction faillible car incomplète (comme celle dans une terre plate), dans l'immuabilité des cieux n'a pas contribué à:
- l'acceptation de la Voie lactée (pendant le Moyen Âge) comme audessus des phénomènes météorologiques, en dépit d'Aristote?
- et: la découverte de l'opposé par Tychon Brahé?
Ou, est-ce que ces deux constats ne relèvent pas de la démarche scientifique?
Dans le second cas, je vois un certain flou dans les principes épistémologiques. M. Frédéric Chaberlot est au moins l'homme de pouvoir l'admettre.
Il semblerait donc que nous devons distinguer "science" et "spéculation".
Plutôt entre:
- spéculation sans vérification;
- spéculation vérifié par spéculation très stricte et logiquement correcte;
- et vérification concrète.
Mais les scientifiques, les historiens et les philosophes des sciences d'aujourd'hui savent qu'il convient de nuancer la distinction entre science moderne et spéculation pure, car la frontière qui les sépare est floue.
Et donc à plus forte raison la bonne distinction.
Un des aspects du flou de cette distinction provient du fait que la spéculation, loin d'être bannie de la science moderne, en est un élément constitutif.
Merci de l'admettre. Quel gâchi donc d'en exclure précisément les spéculations classiques sur l'immatérialité de l'âme, sur la personnalité de Dieu, sur la possibilité des miracles et encore des franges temporelles ou locales où la création touche très régulièrement - et non pas par exception miraculeuse - l'acte de Dieu sans remonter encore dans les causes secondaires.
Nous verrons dans les chapitres suivants que nombre des théories sur la Voie lactée (surtout celles qui envisagent la Galaxie comme une nébuleuse spirale) sont qualitatives et spéculatives, quand même bien elles sont exposées par des savants et astronomes du XIXième et du début du XXième siècle, qui se reclament d'une conception positiviste de la science.
Se reclamer positiviste ne garantit pas de pouvoir se passer du qualitatif, ni même du spéculatif.
Comme d'ailleurs se qualifier comme anti-romantique ne garantit nullement de se pouvoir passer des éléments romatisés ou romnatisables dans l'action concrète. Par exemple, entre le Romantisme allemand et le Nazisme intervient un anti-romantisme assez fort en Prusse. Une "Sachlichkeit" qui veut exclure le romantisme. La suite est que le romantisme - comme phénomène humain - dégénère dans l'ombre de cette Sachlichkeit, que ça soit dans l'aventure coloniale ou que ça soit dans l'aventure scientifique (où Haeckel va - à en croire les créationnistes - falsifier les tableaux comparatifs de l'embryologie) et encore il se réfugie dans les mystères des ordres et sociétés sécrètes - dont Ostara et Thule-Orden, où l'on retrouvera un peintre déçu ...
Et nous avons déjà mentionné que même dans une discipline comme la statistique stellaire considérée dès ses débuts avec Herschel comme "scientifique", certains aspects spéculatifs jouent une part importante et nécessaire à la construction des modèles et théories.
Est-ce qu'il a même un fondement théorique basable sur le premier livre de Laplace NN, c'est à dire sur l'astronomie planaire, l'astronomie des observations?
En fait, nous savons de nos jours que la spéculation est indispensable au progrès scientifique.
Mais où exactement est le progrès? Vers le plus vrai? Ou vers le plus comme on pense aujourd'hui?
S'il est vrai que, dans certains cas, la spéculation pure constitue un obstacle à la démarche scientifique (la croyance en l'immutabilité et la perfection des cieux en est un exemple connu),
Ah bon, et sur quel critère veut-on décider quelle spéculation est bonne est laquelle est mauvaise? Encore une fois, peut-être, en mesurant le progrès comme progrès envers les positions d'aujourd'hui? Mais alors elles deviennent incorrigibles, si elles sont fausses.
il n'en est pas moins vrai que, dans d'autres cas, elle en est le moteur (comme l'ont été par exemple les cosmogonies de Kant et de Laplace).
Et encore une fois, après cette spéculation de Kant ou de Laplace, l'a-t-on confirmée de manière de théoriquement exclure que ces cosmogonies sont fausses? Ou les exclu-t-on "parce que la seule alternative, la création spéciale, est clairement incroyable" comme avouait avec candeur un scientifique souvent cité par les créationnistes, mais dont le nom m'échappe?
[Je viens de citer Encadré 3, p. 93. Je vais bientôt citer Galilée, Le messager céleste possiblement un peu des pp. 138 s. et certainement de p. 141 dans l'édition de 1992, trad. F. Hallyn. Ainsi que partie de l'introduction, page 87, à travers les pages 54 s.]
Notons toutefois, que quand on délaisse "le système solaire" et va vers la Voie lactée, alors la grandeur de Galilée est assez faible même pour le "copernicien" qu'est Chaberlot. D'ailleurs, même dans ce contexte plus limité qu'est la rélation entre Terre, Soleil et Étoiles, les arguments de Galilée ne se qualifient pas comme des preuves scientifiques devant Chaberlot:
Fr. Chaberlot sur le paradigme héliocentrique - avec mes critiques
(de la série sur son autre livre)
http://filolohika.blogspot.com/2012/12/fr-chaberlot-sur-le-paradigme.html
Voici un extrait du "débat" (intertextuel) entre Galilée est l'expertise de ses Inquisiteurs, par Chaberlot:
Ce que nous avons observé en troisième lieu, c'est l'essence ou la matière de la VOIE LACTÉE elle-même ; grâce à la Lunette, on peut si bien fixer son regard sur elle, que toutes les disputes qui ont, durant des siècles, torturé les Philosophes sont détruites par l'évidence de la perception, et que nous voilà libérés de discussions verbeuses.
On entend presque un Nazi ou au moins un Fasciste se prononcer sur les disputes entre Parlemantaires des divers parties. Je trouve que les Fascistent pourraient avoir d'avantage raison que Galilée, car une décision peut être embrouillée par des considérations supplémentaires qui une fois prise ne permet plus ce supplément encore qui permettra de désembrouiller la décision. e qui ne garantit en rien que le but poursuivi par un Nazi faisant ce constat est pur de méchanceté. Mais tous qui le font ne sont pas des Nazis. Par contre, la science ou la philosophie devrait rester ouverte à la reconsidération, sauf dans les acquis les plus élémentaires (tel l'existance de Dieu et de l'âme rationnelle et immortelle, par exemple, ou le fait que "zéro" et π, pour des raisons très divers, ne sont pas des nombres). Et une réconsidération doit être rationelle, articulée et donc, ce que Galilée appelle "verbeuse".
La GALAXIE n'est, en effet, rien d'autre qu'un amas d'Étoiles innombrables regroupées en petits tas : quelle que soit, en effet, la région vers laquelle on dirige la Lunette, aussitôt une immense foule d'Étoiles s'offre à la vue, dont plusieurs semblent assez grandes et bien visibles ; mais une multitude de très petites Étoiles se soustrait absolument à l'exploration.
Or, comme ce n'est pas seulement dans la GALAXIE que s'offre au regard cette brillance laiteuse, semblable à une nuée blanchissante, mais que plusieurs aréoles d'une couleur identique luisent d'un faible éclat, ça et là dans l'éther, si tu orientes ta Lunette vers l'une quelconque d'entre elles, tu rencontreras un assemblage d'Étoiles qui se présentent ensemble. En outre [...] les NÉBULEUSES sont des troupeaux de petites Étoiles semées de manière admirable. Tandis que chacune d'elles, à cause de sa petitesse ou de son très grand éloignement de nous, ...
Notons que petitesse et éloignement de nous ont pour l'observation d'une Étoile le même effet. Là, Galilée a absolument raison. Ce qu'on semble un peu oublier de nos jours.
... échappe à l'acuité de notre égard, de l'union de leurs rayons surgit cette blanche clarté que l'on a prise jusqu'à maintenant pour une partie plus dense du Ciel, capable de renvoyer les rayons des Étoiles ou du Soleil.
"Jusqu'à maintenant" est exaggéré par rapport à la diversité des théories médiévales sur la Voie lactée. Mais le mépris pour les "disputes verbeuses" et la confiance dans le regard directe, une fois qu'il est affuté par la Lunette astronomique, et aussi le mépris pour une seule chose qui aurait été la vue des savants "jusqu'à maintenant" n'est pas seulement un trait qui me semble typique pour Galilée, mais qui l'est devenu pour ses sectateurs. Y compris ceux, peut-être, dont les récommendantion eugénistes et psychiatriques ont inspiré les atrocités des Nazis. Ou d'autres. Énumérons ce qui me frappe de la verbosité de Galilée (qui est plus lyrique par beaucoup que Saint Thomas d'Aquin), encore une fois:
- Le mépris pour les "disputes verbeuses";
- La confiance dans le regard directe, une fois qu'il est affuté par la Lunette astronomique;
- Le mépris pour une seule chose qui aurait été la vue des savants "jusqu'à maintenant".
On vient de sortir un livre sur Galilée, à propos la question si son renommé est du à la bonne science ou à une hagiographie erronnée. Bon, cette hagiographie (qu'elle soit en globe erronnée ou non, je crois qu'elle le soit) contribue biensûr à répendre ces erreurs. Car le mépris pour disputes durant les siècles n'est pas compatible avec le mépris pour une seule solution erronnée qui aurait été acceptée pendant des siècles. Et biensûr, pour plus exacte que soit la vue par la Lunette que la vue par l'œil nu, elle ne peut pas être plus sûre. Ajouter la Lunette revient à ajouter un pari épistémologique. Néanmoins, il a un mépris pour les acquis de l'œil nu vis-à-vis les acquis de la Lunette astronomique, uniquement parce que celle-ci paraît plus exacte dans une certaine direction (le loin).
Mais citons aussi ce qu'ont dit les experts consultés en 1611 par St Robert Bellarmin. On est le 24 avril et les répondeurs - collègues de Guy Consolmagno aujourd'hui - sont "mathématiciens au Collège romain des jésuites" et ils s'appellent Pères Clavius, Grienberger, Lembo et Maelcote:
[...] il est vrai que de très nombreuses Étoiles apparaissent à celui qui regarde avec la lunette dans les nébuleuses du Cancer et des Pléiades ; mais pour la Voie lacée, il n'est pas aussi certain qu'elle se compose tout entière de petites Étoiles, et il paraît plus probable qu'il y a des parties continues plus denses, bien qu'on ne puisse pas nier qu'il y ait effectivement beaucoup de petites Étoiles dans la Voie lactée également. IL est vrai que, en fonction de ce qu'on voit dans les nébuleuses du Cancer et des ¨léiades, on peut cnjecturer comme chose probable que dans la Voie lactée il y a une très grande multitude d'Étoiles, lesquelles ne peuvent pas être vues parce qu'elles sont trop petites.
Pourquoi ai-je souligné les mots "à celui qui regarde avec la lunette"? Parce que sur tel site de l'histoire de la juridique, les pages sur le cas Galilée contiennent une référence à sa plainte "n'est-ce pas ridicule qu'ils ont refusé de regarder une seule fois par la Lunette?" Or, ce regard avait déjà été fait. Par les Pères Clavius S. J., et ainsi de suite.
Il se trouve que jusqu'à présent, on n'a pas optiquement pu donner tort aux pères Clavius et les autres.
On n'a donc pas vérifié le dit de Galilée. Je crois même que l'on pense maintenant qu'il y a beaucoup de matière interstellaire, beaucoup de poussière entre les étoiles, mais sinon, les photos prises par le téléscope Hubble ne montre nullement des étoiles bien séparables uniquement, mais une véritable partie plus dense, tant qu'on puisse voir.
Notons aussi une différence qui a pu passer inapperçue à l'époque, entre Galilée et Clavius. Pour celui-ci, c'est la taille intrinsèque de l'étoile qui décide à elle seule la taille visible pour nous, que ça soit par l'œil nu, par lunette astronomique ou par téléscope de Hubble. Alors, il pensait que les étoiles étaient à peu près au moins à une même distance de nous. Galilée par contre va dans le sens de la cosmologie moderne et il considère que les différences de taille apparente entre les étoiles sont dues en partie à leurs différentes tailles intrinsèques peut-être, en partie à leurs différentes distances de nous.
On voit assez bien quel rapport ceci a pour la preuve par parallaxe, surtout après la découverte - non encore faite mais abordable comme faisable dans le futur après le changement de la Nova de Tychon Brahé - des mouvements dits "propres" par nos astronomes d'aujourd'hui.
Car si les parallaxes aussi sont propres, si les aberrations annuels sont propres, alors elles ne reflètent pas le mouvement de la terre et ne peut pas prouver ni les distances (les étoiles pourraient donc être, comme on pensait alors, à une même distance), ni le mouvement de la terre. Peut-être la cause pourquoi Galilée choisit de regarder - une fois que St Robert Bellarmin aborde la question - la nécessité de la parallaxe comme corrélat de son idée et la non-visibilité d'une quelleconque telle comme si cette non-visibilité de la parallaxe était due uniquement à la grande distance de la terre. Et la question comme tranchée par ses autres arguments.
Hans-Georg Lundahl
Bpi, Georges Pompidou
St Jean Bosco
31-I-2013