Saturday, August 24, 2019

Avant les Préhistoriens modernes


Persuadé de la validité de sa théorie, Boucher de Perthes voulut présenter ses résultats en séance à l'Académie des sciences, sans recevoir l'approbation à laquelle il s'attendait. Au contraire, le secrétaire perpétuel de l'époque, Élie de Beaumont (1798-1853), fit preuve d'acharnement contre ses théories. Il ne pouvait pas être question d'admettre que l'homme ait pu vivre aux côtés des mammouths! En 1847, Boucher de Perthes publia ses travaux sous le titre explicite d'Antiquités celtiques et antédiluviennes. Le mot-clef était lancé, "antédiluvien": l'homme aurait existé avant le Déluge.


Préhistoires d'Europe, p. 59
https://livre.fnac.com/a9317927/Joel-Cornette-Prehistoires-d-Europe


Il semble y avoir des méprises, Joël Cornette ou Anne Lehöerff. D'abord, les dates de sa vie, je considère la wikipédie plus fiable que vous:

https://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9once_%C3%89lie_de_Beaumont

Naissance
25 septembre 1798 Mézidon-Canon

Décès
21 septembre 1874 Mézidon-Canon


De la même source, il n'était pas encore secrétaire perpétuel en l'année nommée, 1847.

"Par décret du président français, il est fait sénateur à vie en 1852 et, à la mort de François Arago, il devient secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences. En 1861, il reçoit la plaque de grand-officier de la Légion d'honneur."


Après, je suis moins sûr de ceci:

Il ne pouvait pas être question d'admettre que l'homme ait pu vivre aux côtés des mammouths!


On n'a effectivement pas trouvé tellement de mammouths dans le Proche Orient, il a pu considérer que l'homme ne soit pas venu en Europe avant le Déluge.

Par contre, il était Catholique et admettait certainement que l'homme existait avant le Déluge. C'est marqué dans la Bible, voir les chapitres 1 - 6 de la Genèse. D'où ai-je qu'il était Catholique? La wikipédie française dans sa laïcité ne le marque pas? Bon, l'article en anglais cite Catholic Encyclopedia comme une source:

Jean-Baptiste-Armand-Louis-Léonce Elie de Beaumont
http://www.newadvent.org/cathen/05385b.htm


Cet article confirme les dates de la wikipédie française:

Geologist, b. at Canon (Dép. Calvados), near Caen, France, 25 Sept., 1798; d. at Canon, 21 Sept., 1874.


Et précise aussi:

A paper published by him, as early as 1829, in the "Annales" of the Academy, may be regarded as the starting-point of modern views on mountain structure. His observations and theories on the subject are developed in detail in his "Notice sur les systèmes des montagnes": 3 vols. (1852). Elie de Beaumont was a man of ardent faith and great integrity of life. In all his official positions he was conspicuous for his fairness and consideration for his colleagues.


Or, là, il est impossible qu'il aurait pu mettre simplement en doute que l'homme existait avant le Déluge, comme le semble avoir compris Joël Cornette ou Anne Lehöerff. Par contre, ce qui est possible est qu'il devait conclure que le mammouth étant antédiluvien, l'Europe avant le Déluge n'était pas encore parmi les parties du monde peuplées par hommes.

Si le commentaire est cité correctement à part le malentendu "l'homme aurait existé avant le Déluge" plutôt que "l'homme aurait vécu en Europe avant le Déluge" comme contribution révolutionnaire de Boucher de Perthes, alors, son argument pour nier des Européens antédiluviens est une parallèle à ceux de nos jours qui critiquent nous les créationnistes pour admettre la coëxistence temporelle (pas forcément locale) d'hommes et de dinosaures.

Le début du même chapitre donne un malentendu un peu plus banal, que 4000 avant Jésus-Christ aurait été la création obligatoire de chez obligatoire d'Adam. Même si la Vulgate se prête mieux à la chronologie d'Ussher que celle de St. Jérôme ou de Syncellus, celles-ci n'étaient pas proscrites comme hérétiques, car la chronologie de St. Jérôme se trouve encore dans le Martyrologe romain (depuis avant le Concile de Trente) pour le jour de Noël, et ma source pour la chronologie de Syncellus, que j'ai étudiée en parallèle avec celle de St. Jérôme pour mes tables carboniques, c'est une thèse par un prêtre catholique de l'archidiocèse encore catholique de Paris. Or, pour St. Jérôme, Notre Seigneur est né 5199 après la Création, pour Syncellus entre 5508 et 5500 après la Création. Mais j'ai quelque part le sentiment, que la question posée n'était pas vraiment entre 4000 et 5500, plutôt entre 4000 et 50 000 ou davantage. Quel que serait la date qu'ils donnent pour l'hominisation d'Homo sapiens.

Et ces gens ont mal à voir que le style des peintures de cavernes est tellement le même, qu'on pense plutôt à un artiste unique, ou une école dans une famille, pendant quelques siècles juste après le Déluge, comme ça ferait l'affaire.

Hans Georg Lundahl
Paris XI
St. Bartholomé Apôtre
24.VIII.2019

Monday, August 5, 2019

Malet-Isaac et la Prusse


Malet-Isaac et la Prusse · Le préjugé pas limité à Malet-Isaac

Je viens de finir le Malet-Isaac, réimpression aux éditions Pluriel, à partir de l'édition de 1958. Je ne suis pas sûr si les chapitres signalés comme manquants dans l'avertissement, XXI, XXVII, XXIX et XXX "du livre premier" manquaient déjà alors ou seulement depuis cette réédition Pluriel.

Et déjà une observation, bien que les "Marranes du Nord" (dont une partie de mes ancêtres) prônent normalement l'amitié judéo-chrétienne, je trouve cette amitié en partie gâché par le fait que des distorsions de l'histoire aient été nécessaire pour trouver un terrain commun. Par exemple, pour Torquemada, sont censés les Juifs convertis qu'il brûla ou mit en prison, mais son mobile de protéger les convertis qui l'étaient pour de vrai, et le fait qu'il est de famille conversa, que son oncle avait protégé des convertis contre un lynchage, un pogrom - pas de mention. Bon, s'ils étaient de la IIIe République, pas étonnant.

Déjà au XIIe siècle*, Allemands et Polonais avaient commencé l'évangélisation des Poméraniens. Ils continuèrent leur œuvre en Prusse, puis en Livonie et Esthonie jusqu'au golfe de Finlande.


Déjà ceci, les Esthoniens (!) du Nord, en Estonie historique, étaient surtout évangélisés par les Danois. Tallin veut dire "des Danois" ou "ville des Danois". Les Estoniens du Sud, aujourd'hui en Estonie partie sud, étaient alors en Livonie partie nord. Et pour l'Estonie historique, les Allemands et Polonais sont donc impertinents.

Or, l'Estonie du nord - Estonie historique, donc - est précisément la partie qui se trouve au sud du golfe de Finlande.

Contre les Prussiens, païens endurcis, il fallut organiser une véritable croisade ...


Livonie et Curonie avaient au moins besoin de la protection de croisés, demandés par l'évêque de Riga.

... dirigée par un ordre de moines soldats qui s'était créé en Palestine vers 1190, les Chevaliers teutoniques. Après une lutte sauvage d'un demi-siècle : (1231-1283), les Prussiens furent exterminés ou déportés et remplacés par des colons allemands.


Pourtant, si on tuait pas mal de cheftains, on épargnait au moins suffisamment de Prussiens, pour que, des siècles après, on dût rédiger des catéchismes en vieux-prussien.

Les Prussiens se sont soulevés deux ou trois fois, et, les uns devenaient des serfs, les autres s'enfuyaient en Lituanie. Là où l'allemand remplaça le vieux-prussien, c'était parce que les colons allemands avaient des droits seigneuriaux sur les serfs prussiens, et pouvaient les influencer en fonction : chose éventuellement faite le XVIIe siècle.

En plus, contrairement au renseignement (pas cité dans le passage, dit plus loin) que les Prussiens étaient des Slaves, ils étaient des Baltes, parlaient une langue balte.

Conférons l'invocation "Notre Père qui es aux Cieux" en vieux-prussien et en polonais:

Thawe nuson kas tu asse Andangon (du premier catéchisme en prussien)

Ojcze Nasz, któryś jest w niebiesiech, (en polonais).

Ni les langues slaves, ni les langues baltes ont la glosse qui en latin donne "pater" et en anglais "father". Mais les glosses diffèrent entre elles, otets et apparenté en langues slaves, tévés et apparenté en langues baltes.

Comme dit, les Prussiens n'étaient pas Slaves, et les renseignements de Malet et Isaac sont donc parfois inexactes. À part bien entendu la touche de leyenda negra.**

Pour aller plus vers le vrai en la question des Prussiens, j'aime Belloc : "les pauvres Prussiens avaient juste compris qu'il fallait devenir Catholiques, quand on leur dit de devenir Protestants - ce qui explique pas mal de leur comportement ultérieur" (en termes de trop grande subservience au pouvoir).

Hans Georg Lundahl
Paris
Notre Dame aux Neiges
5.VIII.2019

* Le passage cité est du passage sur l'expansion du Catholicisme en Europe, juste avec la Croisade contre les Albigeois.

** La touche de leyenda negra est bien entendu inexacte aussi, j'aurais dû dire "en plus de la touche de leyenda negra".

Saturday, August 3, 2019

Victor Schœlcher abolit l'esclavage en France? Pas la métropolitaine


Ce qu'il abolit est le Code noir.

Le titre Code noir a été donné à l’Ordonnance royale ou Édit royal de mars 1685 touchant la police des îles de l'Amérique française à partir de son édition Saugrain de 1718, puis aux édits similaires de 1723 sur les Mascareignes et de 1724 sur la Louisiane, et enfin, à partir du milieu du XVIIIe siècle, aux recueils de textes juridiques relatifs aux territoires français d'Outre-mer où l'esclavage était toléré, exclusivement sur des îles et en Louisiane2.


Île Bourbon et Louisiane, mais non pas Marseille ou Lyon ... ni Paris, ni Brest.

Je viens de lire un roman BD sur Edmond Albius.

À Réunion, il pouvait être esclave. En France il n'aurait déjà pas pu l'être.

Depuis quand?

Les Gaulois? Non, ils avaient peut-être esclaves. Et sinon, leur régime a été remplacé par les Romains. Les Romains donc? Connus pour esclavage. Chesterton nous dit que, quand Constantin légalise le Christianisme, l'Empire romain était un "état esclavagiste comme South Carolina ante-bellum".

Les Mérovingiens, donc? Oui, à part d'infractions de la loi en vigueur (on a évoqué pirates esclavagistes à Marseille pendant le Moyen Âge), l'esclavage était illicite et l'esclave qui le reclamait était libre en la Francie - dont viennent les pays du BeNéLux, France, Allemagne, voir Autriche. Depuis la sainte Bathilde./HGL

PS, bien fait de l'abolir en Dom-Tom, Schœlcher!

Thursday, August 1, 2019

Where do Pagan Mythologies Come From?


Tolkien and Barfield - especially the latter, if I got him right (but didn't read him myself, so far) - seem to have considered language as involved.

Once one sees grass is green as well as grass, once you see the difference between grey and yellow, cold and hot, you can imagine grey lead turned into yellow gold or the cold reptile as breathing hot fire. Each language has some unique aesthetical twinge on each word and explicitating that in a story has a mythical quality in that community because it reflects the genius of the language so well ... and so on.

Well, one must grant that the aesthetic appeal for us of Homeric Greek is tied to Iliad, Odyssey and Theogony and later even Argonautica - but also to Works and Days. And one must also grant the aesthetic appeal of these stories has something to do with the language. But this doesn't mean that all the myths of Hera came from reflection of "cow-eyed" or that all the legend of Ulysses came from either "wily" or "many-things-bearing" (polytlas).

The fad probably started with Max Müller - to whom mythology was a sickness of language, to which Tolkien replied language, especially modern languages, could as well be seen as a sickness of mythology. But there is only so much a language will do to form a myth. Let "sun" and "moon" be masculine and feminine, and if there is a sun-goddess and moon-god in that mythology, I'll be surprised. In other languages "sun" is feminine and "moon" masculine, and this is the case with Nordic languages, where Norse myth has sun as a woman and moon as a man. But - not as gods. In Finnish, neither sun or moon have gender per se, as the grammatical gender is absent from Fenno-Ugrian, but both sun and moon have goddesses, the moon goddess named Kuu, which means moon, also Kuutar, "lady moon" and Päivätär is "lady daylight". But moon is also related to "Kave, ancient god of sky, later the deity of the lunar cycle. Father of Väinämöinen. Also Kaleva." Basically, in fact many of them, sylphs. Literally, they are called "narrows" as in narrowing the face of the Moon.

In the case of Finnish, I don't think personification (if only a figure of speach) can be blamed on grammatical gender, as Müller would have had it. There isn't any in Finnish.

Now, they went even further, not only is Helios a sun myth, but so is Hercules. Chesterton joked about it, someone having considered St. Francis of Assisi a sun myth.

I actually think it is better to divide not just Paganism, but also Pagan myth into the categories : God, gossip of the gods, demons, philosophers. And of distinguishing "myth" proper from "heroic legend" or "mythological history". The source of the latter would be mainly historic, even if it included false gods. My view of Krishna is like some Atheist views of Jesus. He probably really was a friend of the Pandavas, enemy of the Kauravas. But he was no god. The story as told, or most details in it, don't demand his being so. The bigger difficulties in Hercules is not whether he was son of Zeus - he wasn't - or how one came to think that - probably his contemporaries, even he were deluded by demons or over impressed by his strength - but more like what were the Centaurs?

I disagree with Carl Wieland's answer restricting their observation to Greek mythology in his feedback answer from 10 February 2013. As his more learned questioner knew, they were known in Egypt too* (biography of St Anthony the Great, episode when he goes to visit St Paul the First Hermit, shown the way by a Centaur), I also disagree with what I presume his attitude to Greek mythology to be. That centaurs in general came from Ixion impregnating Nephele or Cheiron from "the god Saturn's" paramours is as it stands impossible, but we also would need to account for the stories of Hercules and Jason - as biographies, not as fantasy novels.

But apart from the cases of such a hero or such a "monster" being known from history, from stories, as observed reality, we need to ask what the conception of the gods came from. These usually not observed. Krishna may have been observed, but Vishnu who he is supposed to be an avatar of wasn't. Ulysses was observed, but Athena as such, not by others than he. He may have been detained by an observed Calypso, but the detainment ended after a non-observed conference on Olympus.

Now, these non-historic or not-strictly historic details, the "theological" interpretation of the events, and version of pre-human events, this is what is most aptly called "myths" when distinguished from history, since unlike Ulysses' homecoming the non-observation by human observers (or by many independent ones) is fairly clear.

Part of it comes from memories of the God their forefathers actually knew - one who withdrew from them more and more, concentrating on Hebrews after Babel. In Job He intervenes among non-Israelites, but to Greeks and Hindoos, He would have been distant. In some way this is reflected by Babylonian Anu or Greek Uranus. But they were wrong to conclude God had withdrawn, and sometimes still wronger in guessing why He had done so.

Part of it comes from "gossip of the gods" ... while Sun and Moon seem fairly clearly to be moved by intelligent movers, considering them as "brother and sister" is kind of pushing it, as is also considering them as "wood and wooer". It's the impulse of "tell me more, tell me more ..." at work.

Part of it comes from philosophy - attributing intelligent movers directly to all celestial bodies or to Sun and Moon and five more "planets" and to "Heaven in general" (with fix stars glued to it) is simply a good way of dealing with why. One which to me has not needed debunking because of Newtonian physics. Here is probably where Max Müller, so used to considering sun and moon as dead objects moved only by non-living physical powers, came up with the idea of mythology as a reflection of language, specifically gendered nouns for sun and moon.

And part of it comes from the demons. If Hercules had some visions of Zeus acknowledging him as son, those visions were demonic. If Hesiod did not make up the backstory to simply give "supernatural allure" to his version of origin myths, he saw nine muses, and these could be either witches, voicing the promptings of demons, or demonic apparitions. Though I have also thought some nature spirits could have cooked these stories together to mock the gods of the myths, and given them to Hesiod and then before God's judgement saying "we never thought they would actually fall for that, sorry!" - but considering they also sang hymns to "Kronos of the crooked thoughts" - probably Satan - this is less likely.

In other words, for non-historical myths, exeunt Tolkien and Barfield**, enter Chesterton. For more or less history-like "mythological history" or "heroic legend", again, Chesterton : real facts, plus probably some fan-fiction added (how he dealt with Trojan War in Everlasting Man or with King Arthur elsewhere).

Hans Georg Lundahl
Marguerite Audoux Library, Paris
Dedication of St. Peter in Chains***
1.VIII.2019

* And in India, where they are a class of "spirits:"

In Hinduism, the Gandharvas (Sanskrit and Hindi: गन्धर्व; Assamese: গন্ধৰ্ব্ব, gandharbba; Bengali: গন্ধর্ব, "gandharba", Kannada: ಗಂಧರ್ವ; Telugu: గంధర్వ) are male nature spirits, husbands of the Apsaras. Some are part animal, usually a bird or horse.


https://en.wikipedia.org/wiki/Gandharva

** On the parts of philosophy, gossip of the gods and for that matter fan fiction on heroic legend, narration of language specific word connotations may have some small impact, but I don't think this is the main source of myths.

*** Romae, in Exquiliis, Dedicatio sancti Petri Apostoli ad Vincula. Antiochiae passio sanctorum septem fratrum Machabaeorum Martyrum, qui, cum matre sua, passi sunt sub Antiocho Epiphane Rege. Eorum reliquiae, Romam translatae, in eadem Ecclesia sancti Petri ad Vincula condita; fuerunt.