1) Logothètes à nos mesures, 2a) Le PIE, a-t-il existé?, 2b) Discussion de Proto-Langue Réelle ou Non, approfondie par référence à Ruhlen, 3) Mythologie Nordique - indo-européenne ou proche-orientale? Transmission par Odin?, 4) Corrigeant arte sur Apfel, Pomme, Mela
[En discutant le système n-/m- des langues amérindiennes:] Il est bien connu en linguistique que les pronoms ne sont presque jamais empruntés ; et ces emprunts qui, selon les américanistes, se seraient effectués pêle-mêle entre des nombreux groupes différents, seraient un cas sans précédent dans toute la littérature linguistique [...] Pour d'autres critiques, ces pronoms se seraient diffusés à travers les Amériques après que les différents peuples aient déjà occupé l'Amérique du Nord comme du Sud. Mais, là encore, ce genre de diffusion de pronoms est un phénomène inconnu en linguistique.
Merrit Ruhlen, L'origine des langues, pp. 103 s.
Quand une chose est bien connue, il vaut la peine d'y jeter encore un œil. Parfois elle est fausse, parfois elle est beaucoup plus vraie que supposée, généralement.
Les pronoms ne se ressemblent pas partout, Meillet (cité autre part) avait tort (et son observation aurait encore invalidé le groupe indo-européen, simplement comme groupe, si elle avait été vraie), sauf dans l'aspect beaucoup plus banal de brièveté, et même là le Japonais actuel fait exception. Entre indo-européen et finno-ougrien, soit il y a origine commune (qui exclut les langues amérindiennes, les langues afro-asiatiques, les langues khoïsanes, j'imagine aussi), soit il y a eu, précisément, diffusion.
Imaginez que vivent en endroit étroit la totalité (au moins apperçue) de deux groupes linguistiques. L'un a le système m-/t- (moi, toi, mich, dich, minä, sinä ...), l'autre a le système n-/m- (typique des langues amérindiennes - les indigènes sauf esquimeaux et na dene). Le cas est hypothétique, mais le résultat prévisible serait que les deux finissent en adoptant un système (tant que je sache d'ailleurs non-existant) de ** n-/t-, avec élimination du m- ambigu entre les langues.
Ce qui pourrait empêcher l'un ou l'autre de le faire est le fait d'avoir d'autres voisins avec qui on partage déjà le même système pronominal. Là, on tendrait sans doute à conserver le sien (voisins dans le temps comme littérature du passé y est pour quelque chose aussi).
Dans le cas de deux langues partageant le même système (et tendant donc à le conserver) vivant ensemble avec deux autre langues ne le partageant pas et ne partageant pas non plus un autre système commune à elles, celles-ci tendraient à effacer leurs systèmes en faveur du système déjà partagé entre deux, du système qui pourrait prétendre à un statut pour ainsi dire κοινη, et encore davantage s'il est partagé déjà par plusieurs. Avec, aussi dans ce cas, les mêmes observations sur les facteurs capables de conserver un système en cas du non-isolation.
Est-ce que indo-européen et le finno-ougrien ont eu une aire géographique commune? Oui, si le nesili (ou hethite) est indo-européen et si le hattili (ou le hattique) est finno-ougrien. Encore une fois oui, si l'italique et le celte du côté indo-européen et les langues dites tyrséniennes sont réellement finno-ougriennes, plus précisément du très vieux hongrois ou très apparentées.
Est-ce que le latin, le grec et le sanskrit ou une forme encore plus vieille de l'aryen ont partagé le même aire? Dans le cas que les italiques aient été originaires de Grèce (voir l'Énéide selon le résumé pour cet aspect donné par notre auteur - je ne connais pas l'endroit précis, mais j'imagine sans difficulté la seconde partie, les chants VII - XII), assez certainement oui, alors ça serait le monde grec. Car la langue du linéar A, parlée sur Crète avant le grec, semble avoir été aryenne, et "Mont Ida" semble avoir été "Mont Indra". Donc, le latin part de la Grèce vers l'Italie, les langues aryennes de Crète vers l'Est ... Madan aurait alors emprunté sa langue aux Caphthorim. (Hmmm?) Et cette aire est toute proche de l'aire où se sont rencontrés le nesili et le hattili. Toute proche du nesili.
Des langues indo-européennes, le nesili, le gothique, et avec contamination peut-être aussi le celte et le slave, partagent la forme fenno-ugrienne ou altaïque pour "père". Pour nesili "attas", pour gothique "atta", (à côté de "faðar" qui avait plutôt la nuance "papa"), c'est évident (quoique pour gothique on pourrait dire que l'emprunt du hunnique serait une possibilité).
Pour le celtique, l'explication courante est que *patéér ait perdu le p- comme tous les autres mots et fait du éé un î pour aboutir à un proto-celtique probable *atîr assez proche du vieil-irlandais athair. Mais on peut également soupçonner que cet atéér ou atîr ait été une contamination entre (pa)téér et at(a). Ensuite ce mot aurait été le début d'une perte de p- initial dans les mots que le celte prends de l'indo-européen - c'est à dire du vocabulaire que le celte aura, avant la perte du voisinage, commencé à partager entre lui-même et les autres langues qui sont comptées dans ce groupe, de quelle-conque le mots ait originé. Prenons le mot "ucht", il a pu commencer en celtique comme "*p@ktos", être emprunté en italique comme "pektos" (pectus en latin) et aboutir dans la langue d'origine comme *p@ktos > *@ktos > *uktos > ucht, PARCE QUE:
*patéér : *atîr = *p(e?)ktos : *@ktos
et ainsi de suite. Ou originer en italique, comme *pektos, et être emprunté comme *uktos selon exactement la même analogie.
Et pour italique *pibit (latin attesté "bibit") et celtique *ibit (vieil irlandais "ibid"), de même, quelle que soit la langue d'où vient le mot. C'est même possible que le mot est d'origine celtique et que le p- ait été ajouté en analogie avec *patéér en contraste avec *atîr.
Peu importe si l'expression "high brow" vient de Martha's vinyard ou autre part, là il va être prononcé avec diphthongues débutant en @ (@y, @w), ailleurs il va être prononcé avec diphthongues commençant avec un a plutôt classique, tant que le rapport entre les dialectes est clair pour les deux parleurs.
Pour le slave, il pourrait s'agir d'une double subsitution.
*Patéér analysé comme pa-téér, morphème de paternité échangé en racine hongroise atya et morphème de nomen agentis échangé en -ek. Pa-téér donc calqué comme *aty-ek (dont ojciec etc.). Pour *mâ-téér, on aura aussi coupé mât-éér avec une substitution juste partielle, mat-(e)ka, la forme féminine pour ces nomina agentis.
Qu'il s'agisse de noms de paternité ou de pronoms ... dans les deux cas, il s'agit des conceptes dont la précision importe et qui ne sont pas en soi visibles. On ne peut pas pointer un père de doigt, pour quelqu'un qui ne connaît pas la famille, et dire le mot pour père, car on pourrait vouloir dire "homme" ou "grandpère" ou ... vous voyez. Là, comme dans les pronoms, un système qui transcende les frontières linguistiques est pratique. D'où la forte possibilité qu'il ait été adopté comme tel, pour cette raison.
Je suis profondément d'accord avec Merritt Ruhlen, que les similitudes entre langues ne s'arrêtent pas sur le niveau indo-européen. Le désaccord est celui-ci : en évolutionniste, il prétend que la raison en est une proto-langue encore plus vieille que le proto-indo-européen, qui remonterait, celle commune entre indo-européen et finno-ougrien-avec-altaïque à encore une autre proto-langue encore plus vieille (et l'indo-européen lui-même remonterait déjà à vers 3000 ou 4000 av. J.-Chr.!), ce qui contredit assez nettement la chronologie biblique et en plus rend la punition miraculeuse à Babel superflue.
Moi, je me range dessus, comme pour l'indo-européen, avec Troubetskoï. L'unité indo-européenne et à plus forte raison celle entre indo-européen et ouralien est de la même nature que l'unité balcanique. Sprachbund. Et si on m'objecte que le phénomène de Sprachbund sur le Balkan n'a pas abouti à éliminer les différences de système pronominel entre roman, grec, slave, albanais et turc, je réponds que ces langues ont toutes des modèles par quelque forme de voisinage hors le Balkan pour retenir leur système pronominal.
Pour les Amériques, les langues hormis le groupe na dene et l'esquimeau-aleutique doivent avoir pris leur système pronominel bien avant de se répandre - quand elles étaient soit voisines, soit une seule langue. On n'a pas repéré lequel ou lesquels des petit-fils de Noé qui est l'ancêtre de ces peuples.
Hans Georg Lundahl
BU de Nanterre-Paris X
Pape St Damase I, Confesseur
11-XII-2015
PS, on a d'ailleurs trouvé "atir" en gaulois. La seule raison donc de retenir l'astérisque avant *atîr est de savoir si le i en gaulois était long (alors, attesté) ou bref (alors reconstruit derrière "atir")./HGL
PPS, autres corrections : "vieil irlandais athair" ... non, c'est irlandais moderne, en vieil irlandais c'était athir; et "et son observation aurait encore invalidé le groupe indo-européen, simplement comme groupe, si elle avait été vraie", c'est à dire quant à ce dans l'argument qui est des pronoms. Il y a d'autres aspects de l'argument que son observation n'aurait pas invalidé, même si vraie au-delà de la brièveté./HGL
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