À quoi servent Les Eddas? ·
Le Qohelet de Codex regius ·
Hávamál et Torah ·
Sigurd - un héro, deux saints
Évidemment pas en cadeau de lecture pour Francis Bergeron, tout d'abord. Mais du tout. Il a lu le prologue, et prétend résumer le livre.
Il nous renseigne que les plus vieux récits païens dedans (dont il n'aborde aucune!) viennent du VII
e siècle, et ceci est une prétention d'érudition moderne ou sémimoderne (genre XIX
e siècle au plus tôt).
Je pense avoir pu cerner en ce rédacteur de Présent un homme pour qui non seulement le national-socialisme, ce qui se comprend, est exécrable, mais en plus chaque chose ayant intéressé les national-socialistes, y compris donc mythologie nordique et récherches sur l'Atlantide. Les deux seraient - si je peux deviner - des chutes d'esprit indigne d'un Chrétien dont on pourrait redouter à peu près tous les méfaits de Himmler ou Mengele. Peu importe que Himmler était plutôt néo-templier et néo-albigeois ... donc, le livre lui est tombé des mains avant qu'il ne se souille son âme.
Abordons brièvement l'Atlantide. Quand les Espagnols se rendent compte que l'Amérique est entouré d'océans qui la séparent de l'Ancien monde et donc des monts d'Arménie où Noé est resté, ils font référence à l'Atlantide de Platon pour expliquer la population des Amériques avec un pont terrien depuis disparu. Et donc, ils le font pour un motif purement chrétien.
Pour avoir un très bref résumé du livre, on fait mieux de lire le compte-rendu sur Kontre Kulture:
Les Eddas | Kontre Kulture
https://kontrekulture.com/produit/les-eddas/
Quoique ceci aussi est erroné. D'ailleurs, je pense que Francis Bergeron a pu cueillir tout ce qu'il a écrit, sauf son jugement avers de goût, de cette page. Et sauf qu'il parle de 318 pages, et les éditeurs de 310.
Nous sommes Chrétiens, au moins si j'ai cessé de fréquenter les messes à Saint Nicolas du Chardonnet que fréquente encore Francis Bergeron que je sache, je reclame que ce n'est pas pour apostasier de la foi, mais pour ne pas adhérer à une pastorale qui m'était méchante, et plus tard encore aussi pour adhérer au vrai pape, élu par conclave d'urgence (irrégularités canoniques excusées par état d'urgence, comme on reclame pour les sacres à Écône en 1988 aussi). Ni l'un, ni l'autre de nous peut être considéré libre de croire qu'Odin accueille les âmes défunts des guerroyers vaillants dans sa Valhalla ou que les gens morts "déshonorablement" en simple maladie vont en enfernaux endroits comme Hel ... à
quoi sert donc ce recueil des 2 des 4 sources
principales sur la mythologie nordique?
Tout d'abord, Sæmund Sigfusson était un évêque catholique. Ensuite, Snorre Sturlason était un érit catholique. Pour les deux autres sources, Saxo Grammaticus était sécretaire de l'évêque Absalon (encore un évêque catholique) et Adam de Brême était sécretaire d'Adalbert de Hambourg (encore un évêque catholique, même archévêque quand Paris était encore une simple évêchée). Adam de Brême a décrit un temple païen à Uppsale, ou on adorait trois dieux : Odin, Thor, Frey. Or, les archéologues n'ont pas pu identifier ce temple. Récemment, il y a eu une hypothèse que ce temple était une satire contre un évêque acéphale. Non pas un céphalophore, comme Saint Denis, mais acéphale comme Mgr Fellay ou Mgr Dolan refuse (effectivement ou directement) d'avoir un pape comme tête. Le terme est en polémique au terme des schismatiques autocéphale. La trinité de faux dieux païens serait donc une référence satirique au jugement très sévère contre un possible schismatique qu'il n'adorerait même pas la vraie Trinité, le vrai Dieu. Un peu comme un
autre satiriste en écrivant le deuxième très connu chant en langue d'oïl a satirisé la culture des Maures. Satire est donc
une des fonctions que la mythologie païenne peut avoir pour un Chrétien.
Pour Snorre, explicitement, et pour Sæmund, implicitement dans l'acte de cueillir ces poëmes, il s'agit, une fois que les croyances païens étaient éliminés, de donner un peu de lecture amusante et parfois (à part l'aspect théologique, s'il était pris trop sérieux) édifiante. Il y a eu un échange entre Bordeaux et Rome à l'époque de Grégoire le Grand, pape, saint, père de l'église. Rome disait que l'évêque de Bordeaux ne devait pas enseigner l'Énéide, parce qu'elle contenait des noms de faux dieux, Bordeaux disait que sans ceci, ce serait impossible de transmettre une bonne culture romaine, y compris un latin correct.
En ce faisant, il était d'accord avec pas mal de Byzantins, sur l'utilisation des poëmes d'Homère ... il leur paraissait utile de réduire les faux dieux en des figures de rhétorique. Ceci aussi était une utilité prévue par Snorre explicitement.
Et, malgré le fait que Snorre est plus jeune que Sæmund, il vaut peut-être mieux consulter la structure de son Edda d'abord - la seule à été appelée Edda au Moyen âge, l'autre étant d'abord connue comme Codex Regius, ensuite popularisée comme l'ancienne Edda ou l'Edda poëtique.
Celle de Snorre a donc quatre parties. La dernière, écrite en premier, c'est Háttatal - il s'agit d'une liste de formes poëtiques, strophiques, en 102 strophes, commentées du point de vue des vers. Les strophes 1 à 30 sont dédiés au roi Hákon, les strophes 31 à 67 au "jarl" - à prononcer yarle et ça veut dire à peu près duc ou majordome - Skuli, et enfin les strophes 68 à 102 aux deux ensemble.* Or, ces vers sont très traditionnels et utilisent un imaginaire païen que, contrairement aux forme de vers, Snorre n'explique pas. On demande une explication, et il donne Skáldskaparmál - le dit sur la création poëtique, où chaque "kenning" (métaphore utilisant un concept de la mythologie) est expliqué dans sa propre histoire tiré soit de la théologie mythologique, soit de la légende ou histoire mythologique. Ici on trouve la cigogne comme symbole de la naissance, car on disait parmi les païens que l'âme était apportée à la naissance par un dieu qui prenait la forme d'une cigogne ... d'où le symbole d'une association pro-vie.**
Référence vite faite est donc une autre fonction légitime d'une littérature dont on ne croit plus la véracité théologique ...
Or, son publique trouvait aussi Skáldskaparmál trop épais à comprendre sans explication, car on avait pour ainsi dire la légende mythologisée (notamment le récit des Völsungs, aussi connu de Codex Regius dans sa fin, mais c'est chez Snorre qu'on trouve le panorama complet sur plusieurs générations) mais on l'avait sans la mythologie ou théologie mythologique qui allait derrière - comme d'avoir l'Iliade mais pas la Théogonie. Là, Snorre donne Gylfaginning, comment un mage nommé Odin vient en Suède pour séduire les Suédois à son idolatrie. Ceci correspond assez bien à Voluspá, dans le Codex regius, est donc une forme de Genèse païenne - doublée, contrairement à la Théogonie et à Enuma Elish d'une Apocalypse païenne. Évidemment, ni Exode, ni Évangile, la création de la terre se trouve après le Déluge qui noyait les géants, par contre il y a aussi un récit qui rappelle Osiris des Égyptiens.*** Et pour marquer qu'il est Chrétien, Snorre ajoute le prologue, où Odin a une généalogie débutant avec Adam et Ève et continuant avec Noé, à travers notamment Priame de Troie, pour marquer que les Ynglings - la dynastie de Hákon et de Saint Olave - sont, comme toute dynastie européenne qui se respecte, des Troïens, et donc aussi à travers deux autres faux dieux, Kronos et Zeus (on va vous montrer
le tombeau de Zeus sur Crète) ou parce qu'il est un latin, à travers Saturne et Jupiter.
Et là, je vois franchement une très grande utilité pour les Chrétiens de nos jours. Jusqu'à maintenant négligé par certains ... ou plusieurs.
Tout d'abord, au début de Gylfaginning, les Suédois commencent d'avoir une philosophie naturelle, incomplète, et donc une curiosité. Par contre, à quelque millenaires de Babel, ils n'ont pas connaissance de la théologie révélée qui aurait satisfait à leurs questions. Donc, il y a un vide. Il ne va pas se combler par une bonne mission chrétienne, encore, hélas. Au contraire, vient un mage qui se fait passer pour un dieu et pour porteparole des dieux, et qui dispose de pouvoir d'illusion, qu'elle était alors diabolique ou juste une hypnose poussée très forte ...
Ensuite, ayant été trompé par ce mage le pauvre Gylfi va encore laisser ce mage usurper son royaume - calme, calme, Odin déscend quand même de Priame et son beau-fils va quand même donner l'origine à un saint de l'Église catholique, ce n'est pas comme si toute Norvège était illégitime ou satanique!
Mais encore, il y a deux autres thématiques qui tiennent au cœur - ou trois, mais j'ai déjà abordé que la mythologie nordique montre davantage de traces du Moyen Orient que des origines supposées indo-européenns.***
D'abord, une mythologie ne naît pas simplement d'un imaginaire parce que l'homme insufisamment instruit serait en plus d'ignare aussi un drogué qui prend automatiquement ses rêves pour réalité. Comme la légende héroïque ou l'histoire mythologique est basé sur histoire, parfois avec des remaniements, et même très grands, aussi la théologie mythologique est basée sur quelque chose, par exemple une tromperie humaine (comme par Odin) ou diabolique (si des démons ont joué le rôle des neufs Muses devant Hésiode) n'est pas débusquée par manque de bonnes bases chrétiennes. Ceci est tout le contraire de ce qu'on pensait de la mythologie au XIX
e siècle, et ce qu'on avait pensé de la guerre de Troie entre Wolf (je pense) et Schliemann.
Quand Bergeron dit
"[l]a suite nous éloigne du récit biblique" ceci peut se prendre de deux manières. Soit, ça nous éloigne simplement du trame du récit biblique, géographiquement. C'est vrai. Une fois qu'après Genèse 11:9 la Bible ne se concentre plus directement sur l'histoire du genre humain, mais sur ceux qui ont préservé en pureté la révélation primitive, aller voir ce qui se passe nous éloigne géographiquement et culturellement du milieu désormais biblique à l'exclusion d'autres, ou jusqu'au Nouveau Testament. On pourrait aussi le prendre comme quoi ça nous éloigne de la théologie biblique, et ceci n'est pas vrai. Car en disant qu'entre Noé et Priame on a Jupiter à Crète, on décrit Jupiter comme un homme. Ce que faisait régulièrement le Moyen âge. Dans sa prêche sur le crédo, St. Thomas énumère les raisons de l'idolatrie, et je pense que même deux des explications étaient euhéméristes (excessif amour pour un défunt,
et flatterie, voir flagornerie). C'est à ce genre de "dieux" qu'on a ici à faire tout d'abord, quand ils viennent en Suède pour se faire adorer. C'est une option sur Odin - Paul le Diacre nie que les Longues Barbes aient rencontré Godan,
mais c'est que Godan est Mercure et il vivait 1000 ans plus tôt en Grèce. Réfuté, parce que l'identification d'un dieux païen avec un autre ne réfute pas que les deux peuvent reposer sur des réalités séparés (Baal est identifié à Hercule, mais ça n'empêche pas que Baal était une manifestation du Satan et Hercule un homme très fort - quoique moins poli que Benoît Brisefer). Son autre raison, que c'est le vrai Dieu qui donne la victoire dans les battailles est assez réfutable aussi, si deux tribus voyaient un mage qu'ils prenaient pour celui qui donne les victoires, ils ont pu faire appel à son jugement plutôt que de se battre pour de vrai. Donc, entre Snorre et Paul le diacre, je préfère Snorre, mais les deux sont euhéméristes. Et de nos jours, on prend l'euhémérisme pour une erreur naïve.
Cette idéologie moderne par contre a fait des dégats aussi sur la croyance chrétienne. Si l'euhémérisme est faux, si Romulus et Hercule sont des dieux
et donc pas des hommes, si le choix était binaire, il s'ensuivrait que les païens aient mêlé le vrai (éventuel) avec du faux (beaucoup) tout en se prenant pour des transmetteurs de l'histoire. Et quand le Christianisme est attaqué pour d'autres raisons, on prend ceci pour une explication de la Genèse, de l'Évangile, de l'Exode et de davantage encore dans la Bible. Jusqu'à ce qu'on trouve des Catholiques ou se voulant tels qui condamnent le créationnisme comme un "paganisme" parce que la Genèse serait "une mythologie".
Et ceci remonte à Saint François Xavier, qui en Japon s'est posé la question si Bodda, le dieu des Japonais, était un homme ou un pur figment de l'imaginaire. Il conclue pour purement imaginaire, parce que nul homme a vécu 9000 ans - mais les 9000 ans sont dans des diverses réincarnations, et ça ne tranche pas si la dernière de celles-ci, Siddharta Gautama, était un homme. Il est, beaucoup plus réalistiquement, censé être mort à 80. Les autres réincarnations ont pu être, pêle mêle, autres hommes et inventions, sans oublier que les révélations démoniaques ont pu en ajouter. Pour Krishna, un des incarnations avant ressemble à Noé (non, je ne pense pas que Krishna vécut
après le Déluge, je pense que Noé et Rama (fils de Kouch, aussi incarnation antérieure selon les Hindous) ont été antéposés avant un Krishna réellement mort
avant le Déluge). Il faut démêler entre les croyances intégrales des païens (y compris identifications divines ou comme ici avec idéologies à des prétendues réincarnations) et des faits historiques possibles sur lesquels peuvent se baser les récits sur chaque homme. En ne pas faisant la différence, St Xavier et Paul le diacre ont contribué à la modernité sans la partager, car ni l'un ni l'autre a rejeté en bloc l'euhémérisme.
Donc, en acceptant l'euhémérisme, on accepte aussi que les hommes prémodernes avaient une capacité de retenir les faits historiques au moins à peu près - peut-être que la légende germanique fait un raccourci temporel entre une battaille où Ermanéric meurt et une autre où Théodéric° est victorieux, peut-être que les temps de Krishna (par exemple identique à Jubal, car flutiste) sont présenté en fausse continuité avec une Inde réellement d'après Babel.°° Mais que les deux rois Goths ont été rois, et que Krishna a essayé de faire la paix entre deux branches de sa famille, ceci n'est pas une déduction d'une fausse théologie ou apparu d'une hallucination ou d'un rêve. Et encore moins d'un état prétendument "ancien" où la différence était floue et négligée par routine. Donc, on rend aussi la Genèse davantage crédible historiquement.
Ensuite, quand St. Louis IX brula le Talmud et exila des Juifs, s'il le fit avec d'autres que les prêteurs d'argent, et sinon, c'est possible que la référence a été transposé avec la première affaire, la plupart des rabbins disaient que le Yéchou du Talmud était Notre Seigneur. Deux rabbins ont nié cette équivalence. Par prudence? Peut-être. Ce n'était pas une mince affaire d'avoir un livre accusé de blasphème. Par pilpoul, comme quoi ils pensaient que Notre Seigneur était une "figure mythologique" et donc strictement non-identique à une quelle-conque figure historique? Peut-être. Mais peut-être partie de cette histoire, car je prend dans la fin le récit pour un blasphème contre la Crucifixion, et les martyres de certains apôtres, donc une autre partie, le début, était réellement un autre homme.
Mes candidats pour Odin sont donc, soit un druide gaulois, soit un hébreu rénégat, comme le serait le disciple de Josué Ben Pékharia, le tatoué qui aurait étudié la magie en Égypte. Et je penche surtout vers ceci. Dans ce cas, "Thor, fils de Iorth" ne serait pas né d'une déesse de la terre oublié, mais ce serait une traduction de "ben ha Erets". Et puisque parmi les Suédois il se faisait passer pour l'équivalent de Baal Hadad, s'il s'est répenti et retourné en Terre sainte, ça pourrait expliquer "Boanerges, quod est, Filii tonitrui" - ils faisaient un bruit comme le meuglement d'un bœuf°°° quand Notre Seigneur faisait une légère référence à ce passé ...
Hans Georg Lundahl
Paris
Sainte Cunégonde
3.III.2021
Bambergae sanctae Cunegundis Augustae, quae, sancto Henrico Primo, Romanorum Imperatori, nupta, perpetuam virginitatem, ipso annuente, servavit; ac, bonorum operum meritis cumulata, sancto fine quievit, et post obitum miraculis claruit.
* J'avoue ne pas avoir pu finir Háttatal, mais j'avais déjà lu le prologue, Gylfaginning et Skáldskaparmál. J'ai donc consulté
la wikipédie allemande. **
Save the Storks. https://savethestorks.com/ ***
Mythologie Nordique - indo-européenne ou proche-orientale? Transmission par Odin? ° Car Théodoric, dit le Grand ou l'Amale est le Dietrich von Bern de la version allemande de la légende héroïque. °° Il y a d'autres indications aussi, à part la chronologie de Kali Yuga que la matière de Mahabharata repose, en partie, et avec remaniements, sur des faits de Genèse chapitre 4. °°° le verbe ergeîn veut dire faire et boân veut dire meugler (dit d'un bœuf).