Friday, March 5, 2021

Sigurd - un héro, deux saints


À quoi servent Les Eddas? · Le Qohelet de Codex regius · Hávamál et Torah · Sigurd - un héro, deux saints · Juste l'une des deux traditions, et encore mainte improbabilité

Il se trouve, partie de Skáldskaparmál et la plupart des poëmes en Codex regius concernent Sigurd, le tueur de Fafnir, et non pas directement (ou pas tellement) des dieux nordiques.

Il se trouve aussi, ce Sigurd est connu comme Sigfried dans un poëme en allemand médiéval-classique (Mittelhochdeutsch) qui s'appelle Nibelungenlied. Là, ça ne concerne pas du tout les dieux nordiques.

Il ne faut pas se méprendre sur ce que Wagner a fait de ces textes, son libretto pour "Ring der Nibelungen" n'est pas fidèle ni à l'une, ni à l'autre des sources. Il faut de Wotan (dieux nordique principal, déjà évoqué comme probablement historique) un forme de père ou providence derrière Sigfried, le héro parfait - et montre une réaction paternelle d'aversion quand le jeunot le dépasse.

Wagner a fait une chose qu'il n'aurait pas pu faire dans la théologie chrétienne, car il aurait été accusé de blasphème (encore punissable en Suède en 1950, Strindberg avait été condamné par blasphème contre l'ordonnance biblique du mariage, et de la suite il s'est réfugié en France, et je ne pense pas que Bavière entre 1848 et 1874 aurait négligé ceci non plus). Donc, il le repousse sur des faux dieux, qu'on ne pouvait pas blasphémer en Bavière catholique. Sa version est donc strictement hors le propos.

Les versions eddiques sont nettement moins concernées avec les dieux, la version allemande pas du tout. Par contre, les deux versions sont concernés de Gondicaire (arrière-grand-père de Sainte Clotilde) dont Sigfried / Sigurd va épouser la sœur, et ni l'une ni l'autre se doutent que les Burgondes étaient des Ariens. C'est possible que le royaume rhénan des Burgondes (où il régnait) ne l'était même pas ...

Comment, sous le principat de Théodose le Jeune, les Burgondes ont embrassé la religion chrétienne.... Depuis ce temps, la nation des Burgondes a professé avec le plus grand zèle la religion chrétienne.


Socrate le Scolastique, Histoire de l'Église, livre VII, chapitre XXX. Cité d'après la wikipédie.

... bien que, par la providence de Dieu, tous étant depuis peu devenus chrétiens dans la foi catholique et ayant accueilli les membres de notre clergé pour se soumettre à eux, ils vivent avec douceur, avec tranquillité et sans faire le mal, regardant les Gaulois non comme des sujets, mais vraiment comme des frères chrétiens


Orose, Histoire, 32 d'après la même source.

L'arianisme serait selon une érudite, Katalin Escher, venu plus tard, dans le royaume rhodanien ... même là on a un saint Sigismond converti au christianisme nicéen ...

Sigurd, version nordique, ignore le Christianisme, Sigfried version allemande le laisse paraître comme plus ou moins Catholique, et selon Katalin Escher ce serait à propos. Quand sa femme (sœur de Gondicaire, comme dit) se querelle avec Brunehaut, femme de Gondicaire, la version allemande pose la querelle après une messe, sur le parvis d'une église à Worms, tandis que la version nordique la pose dans un bain dans la rivière. Les deux endroits ou situations sont compatibles avec une querelle sur la précédence entre deux femmes.

Cette querelle va se solder dans le meurtre de Sigurd ou Sigfried. Brunehaut va demander sa mort, l'obtenir, et ensuite se suicider pour le fait de ne pas le pouvoir avoir comme mari. Pour la version nordique, Sigurd et Brunehaut se réunissent dans l'au-delà, elle redevient Valkyrie, ce qu'elle est juste dans la version nordique, et lui est mort en héros, a le droit à Valhalla. Pour la version allemande, elle est juste une païenne ... son suicide ne conduit à aucun bonheur.

Entretemps, selon les deux versions, la veuve de Sigurd / Sigfried va épouser Attila le Hun (que certains ont considéré comme modèle d'Odin aussi!), qu'elle s'appelle Gudrun dans le Nord ou Kriemhild dans la poëme allemand. Et c'est comme invité de celui-ci que Gondicaire va trouver la mort, avec un homme mystérieux, considéré par les Norrois comme son frère (Högni) et par les Allemands comme son vassal (Hagen, latin Hago). Si son surnom "von Tronje" s'expliquerait comme quoi il ressemblait à une trogne? ou comme quoi il était seigneur de Trognée? Ce deuxième propos serait ahistorique, car le village n'existait que depuis le IXe siècle.

Et chez Attila, ils vont mourir. Imaginons que Hitler aurait eu un poëme comme Les Lusiades, il est beaucoup plus païen que Nibelungenlied, beaucoup plus expansionniste. Il a eu Nibelungenlied, et pour ceux qui savaient (ils étaient beaucoup) ça n'était pas vraiment une inspiration pour l'invasion de l'Est. Les Burgondiens qui dedans vont à l'Est y vont pour mourir, misérablement, piégés dans une pseudohospitalité et en commettant des meurtres de proches (Gernot et Giselher sont oncle et neveu, ils se tuent).

Ce n'est pas du tout ce poëme, ni pour les national-socialistes qui commettaient atrocités, ni pour les néo-païens, qui déterminait leur position. Mais ni même la version nordique est strictement parlée mythologique, elle nous vient juste des mêmes sources eddiques que la mythologie.

Hans Georg Lundahl
Paris
St. Phocas, martyr à Antioch
5.III.2021

PS - les deux saints sont donc Saint Sigfrid de Skenningue, missionaire venu d'Angleterre, présumable auditeur du poëme de Beowulf, et allé chez le peuple de cet autre héro, les Suédois, et Saint Siffrein, j'ai vérifié à Carpentras que l'église Saint Siffrein est en latin dédié à "sancti Sigifredi" ... l'article l'appelle en plus Saint Siffret comme forme alternative. On a théorisé que Brunehaut, femme de Gondicaire et épris de lui, aurait été une simple copie de la reine franque Brunehaut, mais on peut également supposer que celle-ci était appelé d'après le personnage "mythologique" selon certains .../HGL

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