Friday, September 18, 2020

Analysons encore une page de BnF


Une licorne, montrez-moi une licorne vivante ... · BnF notre licorne? · Archéologie, selon BnF · Analysons encore une page de BnF

http://classes.bnf.fr/ema/grands/847.htm

L'image est, effectivement, comme dit, d'Ulisse. Sous l'image, il y a le texte de provenance:

Ovide oralisé, France, XIVe siècle
Lyon, bibliothèque municipale, manuscrit 742, fol. 205


Par contre, il me semble que je me suis bien souvenu d'une autre image. Car, le titrage, et un texte endessous de la source citée disent:

Accident de charrue

...

Les enfants des deux sexes accompagnaient souvent leurs parents dans les travaux des champs, y compris les plus durs, tel le labour à la charrue. Des accidents ne pouvaient manquer de survenir, dont gardent le souvenir les recueils de miracles.


Ovide oralisé, c'est à dire au moins ses Métamorphoses (avec peut-être d'autres ajouts de mythoogie grecque) est strictement hors propos des éventuels accidents de charrue.

Par contre, des recueils de miracles ne le sont pas.

Or, ici il y a une difficulté pour BnF. On voudra prouver que ces accidents avaient lieu? Bien, on peut citer un recueil de miracles, et on prouve en même temps qu'un miracle a eu lieu.

Ou, on doute du miracle, la source ne serait que très peu fiable, alors, on n'a pas non plus prouvé les accidents, encore moins qu'ils étaient fréquents.

Car, si on part de l'idée que le miracle était une fraude, alors, le plus simple pour perpétrer cette fraude aurait été d'affirmer gratuitement d'un homme qui n'avait pas eu ce genre d'accident, et dont la jambe était parfaitement en bon ordre, qu'il avait eu cet accident, que la jambe n'avait pas été en bon ordre. Ça aurait été plus difficile de prendre quelqu'un avec un handicap et prétendre pour le reste de ses jours qu'il avait été guéri.

Un recueil de miracles prouve moins l'accident que la guérison miraculeuse, et non pas davantage, comme des gens à la BnF semblement penser.

S'ils ont un biais antichrétien, et donc aussi contre le Moyen Âge, une époque très chrétienne, alors ils doivent se poser la question s'ils préfèrent ne pas valider un miracle ou s'ils préfèrent ne pas valider l'accident. Comme l'aurait dit Chesterton, on ne peut pas se fier à une biographie de St. François pour prouver qu'"il entra la Porziuncola" et quand même la considérer comme trop infiable pour prouver qu'il guérit un lépreux. C'est la même source qui dit les deux, il n'y a pas de sources plus anciennes qui affirment qu'il entra la Porziuncola et omettent la guérison du lépreux. Une génération avant lui ou deux, certains avaient prétendu que St. Patrick était un mythe solaire christianisé. Un Chrétien va prendre Sts Patrick et François avec les miracles. Mais certains veulent préférer leur incohérence à de dire des bêtises comme "St. François n'a pas existé, au moins ce n'est pas prouvé" ou "St. François a guéri un lépreux" - dont une n'est pas une bêtise, car tertium non datur, au moins pas dans le bon sens.

On aurait prétendu à ce propos que Thomas de Celano n'a pas fait d'affidavit qu'il ait vu St. François guérir le lépreux, mais, comme le note Chesterton, il n'a pas dit non plus qu'il avait vu St. François entrer la Porziuncola. Pour la très bonne raison que sa biographie n'est pas une déposition de témoignage, n'est pas un affidavit.

Or, pour BnF le cas est un peu plus pénible. Car le recueil de miracle avec l'accident de charrue et la guérison miraculeuse est précisément basé ou transcrit d'une déposition de témoignage. C'est sans doute pour ça que la BnF a remplacé cette image avec une autre, tiré de la légende héroïque (certains préfèrent de dire mythologie) greco-romaine, un évenément d'avant le départ pour la guerre de Troie. Tout en se gardant de dire que c'est ça le contenu du passage de l'Ovide oralisé.

Ont-ils un biais antichrétien à BnF? Je pense quand même que oui, et Une critique féroce du religieux souligne que certains auteurs de fantasy ont critiqué le Christianisme, mais l'exposition sur la fantasy (Justine Breton à la plume), quoi qu'elle dit que Tolkien et C. S. Lewis s'inspiraient du biblique, omet totalement qu'il faisaient une critique autant féroce de l'antireligieux. Oui, l'antireligieux moderne est présent dans le monde de Narnia et en Terre de Milieu, comme stupidité ou maléfice. Totalement omis, tandis que Pullman comme critique du Christianisme ne l'est pas. Il y a un paragraphe sur Pullman "contre l'endoctrinement religieux", il aurait pu y avoir sur C. S. Lewis, contre l'endoctrinement matérialiste, ou sur Tolkien, contre l'endoctrinement du progrès affranchi des tabous d'antan. Et il n'y a pas.

Donc, je pense qu'à la BnF, on a affaire des gens assez anticléricaux. Quand au Moyen Âge, je préfère le miracle à affirmer que les enfants étaient toujours en sécurité de ce genre d'accidents, mais j'aimerais qu'un chercheur Chrétien se prennent à ce type d'accident dans les recueils de miracle.

Hans Georg Lundahl
Paris
St. Ferréol
18.IX.2020

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