Bonus si vous connaissez l'auteur et le roman, je vais juste vous dire que ceci est traduit de l'allemand :
Cher lecteur, connais-tu le sens exact du mot greenhorn ? C’est une épithète fortirrespectueuse et même vexatoire.
Green veut dire vert, et horn cornes d’escargot. Un greenhorn est donc un homme « vert »dans le sens qu’on donne à ce mot en parlant des fruits insuffisamment mûrs, autrement dit unhomme fraîchement débarqué dans le pays, un novice qui doit étendre prudemment ses antenness’il ne tient pas à courir le risque de se rendre ridicule.
Un greenhorn est un homme qui ne parle pas du tout anglais, ou qui, au contraire, s’exprime dans un anglais par trop châtié et fleuri. L’anglais yankee ou l’argot du Wild West blessent atrocement ses oreilles. Un greenhorn fume des cigarettes et abhorre le monsieur qui chique. Un greenhorn, lorsqu’il a reçu une gifle d’un paddy 1, court porter plainte devant le juge de paix, au lieu d’abattre son agresseur sur-le-champ, comme le ferait un véritable yankee. Un greenhorn n’ose pas poser ses bottes boueuses sur les genoux de son compagnon de voyage, ni savourer sa soupe en claquant de la langue avec le bruit d’un buffle agonisant. Le greenhorn, soucieux d’hygiène, emporte dans la Prairie une éponge grosse comme une citrouille, dix livres de savon fin et s’encombre par surcroît d’une boussole qui, dès le troisième jour, indique toutes les directions possibles, sauf celle du Nord. Un greenhorn note un tas d’expressions indiennes et quand, pour la première fois, il se trouve en face d’un Peau-Rouge, il s’aperçoit qu’il a envoyé ses précieuses notes à sa famille au lieu de la lettre qu’il garde dans sa poche.
Un greenhorn a mis dix ans à s’initier à l’astronomie, mais il lui faut mettre un temps aussi long avant de tâcher, sans succès d’ailleurs, de lire l’heure qu’il est dans le ciel étoilé. Un greenhorn, dans le Wild West, allume un énorme feu de camp dont les flammes montent dans l’air aussi haut qu’un arbre et s’étonne ensuite, quand il est découvert et enlevé par les Indiens, que ceux-ci aient pu trouver sa trace. Bref, un greenhorn est un greenhorn... et j’en étais un à l’époque dont je parle.
N’allez pas croire cependant que je me sois douté le moins du monde que cette épithète péjorative pût s’appliquer à ma personne. Pas le moins du monde, dis-je, car c’est encore une particularité dominante du greenhorn que d’attribuer ce caractère à tous, sauf à lui-même.
Et le roman est un des plus connus et aimés en allemagne ... et contient des personnages d'un roman du même auteur qui est encore plus connu, et en plus filmatisé.
Si vous ne savez toujours pas, vous êtes nuls en culture populaire allemande.
Par contre, le conseil d'abattre le Paddy ne me convient pas forcément ... je préfère ne m'en pas faire tabasser ...
De toute manière, ceci sont les premiers mots de ce roman, ultraconnu./HGL
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