En quel livre? La collection Que sais-je? a un livre dédié à Galilée [de Pise] par Georges Minois. Où dans le livre? Les pages 51 et 52. Il s'agit de la lettre à Castelli à propos le fait que le miracle de Josué se situe en toute apparence dans un univers géocentrique, puisque c'est le soleil qui s'arrête audessus de la terre et non la terre qui s'arrête d'une quelleconque rotation. Minois en partie cite et en partie résume la réponse de Galilée à cet argument:
S'en tenir ainsi au sens littéral de la Bible, c'est, écrit Galilée, s'exposer à "des graves hérésies et même des blasphêmes, qui nous conduiraient à attribuer à Dieu des pieds, des mains, des yeux, non moins que des affections corporelles et humaines, telle que la colère, le repentir, la haine ..." Les auteurs bibliques s'expriment ainsi pour mieux se faire comprendre du petit peuple inculte, mais si on prend ces images à la lettre, on entre en contradiction avec les vérités naturelles démontrées. Or, ce sont ces dernières qu'il faut croire. Pour étudier la nature, Dieu nous a donné la raison; pourquoi aurait-il en plus révélé des fragments de vérité scientifiques: "Qui peut mettre un terme à la pensée humaine?" Quand à la Bible, son autorité concerne le domaine moral, elle "consiste seulement à persuader les hommes des articles et propositions qui se rapprochent à leur salut et qui, allant audelà de toute raison humaine, ne pouvaient être enseignés et rendus croyables que par la bouche même de l'Esprit Saint."
[Je semble avoir vu "saint" avec un s minuscule dans le texte, mais ça fait partie d'un Nom Propre d'une Personne Divine.]
Je découpe, pour refuter partie par partie:
S'en tenir ainsi au sens littéral de la Bible, c'est, écrit Galilée, s'exposer à "des graves hérésies et même des blasphêmes, qui nous conduiraient à attribuer à Dieu des pieds, des mains, des yeux, non moins que des affections corporelles et humaines, telle que la colère, le repentir, la haine ..."
Des graves hérésies? Des blasphêmes? Selon quelle théologie ça? D'abord, Dieu en Sa Divinité n'a pas ça, mais quelque choses tout spirituel néanmoins analogue. Dieu est certainement plutôt ça que par exemple "nirvana une fois les passions éteintes", plutôt ça que "la dynamique de vie, audelà du bien et du mal" et ainsi de suite. Ce n'est pas juste l'inculte, mais aussi l'érudit qui comprend Dieu mieux, qui comprend mieux Qui est Dieu, s'il croît ces expressions conformes à la vérité stricte (quoique exprimée de manière compréhensible à nous). Ensuite les prendre de manière littérale plutôt qu'analogue n'est pas un blasphême. Chesterton cite Saint Thomas d'Aquin à qui on avait posé la question: "Dieu le Père, a-t-il une barbe?" et qui avait répondu d'une manière infiniment plus équilibré que cet excité Galilée de Pise: "Tant que je sache, ce n'est pas le cas, mais il n'y a pas de mal de le croire." Et finalement, les expressions sur la Divinité avec des images humaines ne sont pas juste analogues, mais aussi prophétiques: Dieu s'est fait Homme pour notre salut, Il est né, vrai Dieu, mais aussi vrai homme, avec des pieds et des mains, des yeux, des affections corporelles comme fatigue et soif, faim et saitiété, colère et amour, haine ou détestation et dilection, depuis Bethlehem jusqu'au Calvaire et encore depuis le Tombeau Vide jusqu'à l'Ascension depuis le Mont des Oliviers. Tel est le Seigneur et Dieu qui nous a promis d'être avec nous "toujours, jusqu'au dernier rendez-vous" comme le paraphrase une chanson de l'Armée du Salut, et c'est celui qui nie la Divinité de Jésus-Christ qui est le vrai blasphême.
Les auteurs bibliques s'expriment ainsi pour mieux se faire comprendre du petit peuple inculte, mais si on prend ces images à la lettre, on entre en contradiction avec les vérités naturelles démontrées.
Deux remarques:
Le peuple inculte serait donc le bienvenu d'attribuer à Dieu le Père une barbe sans que ça soit blasphême, ce serait juste les instruits qui blasphemaient en attribuant à Dieu le Père une barbe ou à Dieu l'Esprit Saint des ailes?
Deux poids, deux mesures, d'un élitisme insupportable!
Et ensuite, non, aucun verset biblique pris au pied de la lettre n'entre en contradiction avec une vérité naturelle démontrée. On a souvent cité des versets qui donneraient une terre plate, mais à bien regarder ce n'est pas le cas. Le cercle de la Terre, en Isaïe, est un mot Hébreux qui signifie aussi globe ou sphère.
Mais quelles conséquences va-t-il tirer de cette anomalie supposée?
[si on prend ces images à la lettre, on entre en contradiction avec les vérités naturelles démontrées.] Or, ce sont ces dernières qu'il faut croire.
En d'autre mots: le philosophe naturaliste aurait raison contre l'exégète naïf. Autre propos très élitiste. Et pas très orthodoxe. Mais il va essayer de raisonner en faveur de ceci:
Pour étudier la nature, Dieu nous a donné la raison; pourquoi aurait-il en plus révélé des fragments de vérité scientifiques: "Qui peut mettre un terme à la pensée humaine?"
Si Dieu a créé l'homme et sa capacité de pensée, Il peut biensûr mettre des termes à la pensée humaine aussi. Des termes à ne pas dépasser.
C'est vrai que Dieu nous a donné la raison pour étudier la nature. Quand Il guérit des lépreux (mais non pas tous, et si Géhazi avait encore descendence alors, peut-être pas la postérité de Géhazi, selon la malédiction d'Élisée), Il ne nous enseigne pas que la lèpre vient des bactéries ou quelle vient des virus - à nous de le découvrir nous-mêmes, et en même temps découvrir des nouveaux aspects du miracle. Toute une colonie prospère de microbes meurt sans l'ajout d'un quelconque antibiotique qui aurait des effets sécondaires néfastes pour l'organisme hôte? Et ceci en un seul instant? Bien, si ça s'est produit, alors c'était un miracle. Et les témoignages attestent que ça s'est produit. Mais les découvertes de l'Institut Pasteur quand aux organismes responsables (prochainement, sous la souveraineté de Dieu) de la lèpre n'entrent donc pas en conflit avec la lettre de la Bible. Donc, il n'a pas non plus fallu mettre une quelleconque mise en garde contre les erreurs à propos la nature de la lèpre dans la Bible.
Les fragments scientifiques dans la Bible concernent ce dont la raison humaine a pu se tromper.
La raison humaine a pu croire l'astrologie, or, Jacob et Ésaü avaient le même horoscope, puisque l'un sort en tenant le talon de l'autre. Ceci corrige Saint Augustin de l'astrologie, superstition qu'il avait cru pendant son époque comme Manichéen. Quand on parle de Manichéen, on abuse souvent l'adjectif pour parler d'un quelconque raisonnement qui utilise des oppositions tranchées, mais l'hérésie manichéenne faisait plutôt coincider deux oppositions tranchées chacune légitime, mais dont l'opposition ne l'est pas: celle entre le bien et le mal, celle entre l'esprit et la biologie. Mais de toute façon, les Manichéens se croyaient aussi fûtés de croire l'astrologie, et ils n'étaient pas les seuls, donc la Bible donne un fragment de vérité scientifique en refutant l'astrologie avec l'histoire de Jacob et d'Ésaü.
Ensuite, il y a eu des gens qui ont cru que des hommes ont des origines divers. Les Grecs ont à une époque cru que les hommes en général descendent des survivants du déluge, ou plutôt des pierres qu'ils ont jetés derrière le dos. Ensuite Aigyptos et Danaos étaient frères parmi eux et d'eux descendent en général les Grecs et les Égyptiens. Mais encore en Grèce est venu Kadmos (avec une origine inconnue) à la recherche de sa sœur Europe (éponyme du continent dont fait partie la Grèce et le Balkan), et il a fait pousser des hommes avec la sémence de dragon, crurent-ils. Alors il y a d'autochthones. Non, nous dit la Bible, les hommes descendent tous d'Adam et d'Ève. Tous après le Déluge des trois fils de Noé, avec leurs femmes. Et le même argument de la Bible prévaut contre l'aberration doctrinale de la raison qui voyait dans les Amérindiens des bêtes d'apparence humaine. Notons que les Jésuites étaient plus fidèles à la Bible et à l'unité du genre humain que les Calvinistes.
Après cette controverse, il y a eu les controverses de Galilée où la raison humaine a pu se tromper en acceptant l'héliocentrisme - et où la Bible mettait en garde précisément avec l'histoire de Josué.
Encore après, il y a ce délire d'un univers beaucoup plus vieux que l'histoire humaine depuis ses débuts et avec le délire avec une histoire des débuts perdue et à reconstruire par paléontologie. Et la Bible nous met en garde contre ceci aussi, en donnant une généalogie qui donne qu'Adam et Ève furent créés au plus tôt 5500 ans, ou plutôt 5199 ans avant la Naissance de Notre Seigneur et Dieu Jésus-Christ à Nazareth.
Et il y a de démons, dont la négation donne comme conséquence pratique divers aberrations: les possédés seraient "schizophrènes" (pseudo-diagnose), d'autres aussi, la magie serait inopérante et donc innocente, les médiums et les personnages issus des OVNI nous donneraient la vérité plutôt que le mensonge, à moins de compter les pauvres médiums et témoins des OVNI aussi comme schizophrènes (comme la faisait la police française il y a quelque temps, avec une tuérie comme conséquence). Contre le négationnisme vis-à-vis les démons et leurs activités, chaque fois que la Bible nous signale que Notre Seigneur agissait comme exorciste, il convient de croire ça à la lettre.
Il convient aussi de croire que les Pharisiens abusaient la catégorie de possédé. Par exemple, si un possédé était pendant la période de la possession démoniaque absolument incapable de l'hygiène la plus élémentaire, de manière que les gens étaient choqués de voir cet ex-possédé bien habillé et lavé et calme, et si les possédés pouvaient se mettre en rage irrationnelle, les Pharisiens de leur côté ont abusé ces "symptômes" (si on veut, mais la possession démoniaque est autre chose et plus grave qu'une maladie) en les applicant à Notre Seigneur, parce que ses disciples ne se lavaient pas les mains avant chaque repas et parce qu'Il se fâchait souvent de l'hypocrisie des Pharisiens sans doute aussi.
En chacun de ces cas, la raison humaine en elle-même est capable de trouver la vérité - mais certains hommes n'utilisent pas ce poteintiel, et ça va même jusqu'à des consensus sociaux entre les érudits et y comprenant les gens qui les veulent égaler, par exemple les gens qui ont appris ceci à l'école publique et qui ont appris d'avoir une supériorité subjective et collective vis-à-vis ceux qui ont l'avis biblique.
Quand à la Bible, son autorité concerne le domaine moral, elle "consiste seulement à persuader les hommes des articles et propositions qui se rapprochent à leur salut et qui, allant audelà de toute raison humaine, ne pouvaient être enseignés et rendus croyables que par la bouche même de l'Esprit Saint."
Seulement?
Mais c'est n'importe quoi qu'il raconte! Principalement et seulement sont deux choses différentes. La Bible nous enseigne principalement les vérités nécessaires pour le salut telles qu'elles sont contenus dans le Crédo, le Décalogue, le Pater et les Sept Sacrements. Mais principalement ça, accessoirement aussi d'autres choses. Moins nécessaires à croire pour tous et chacun, mais indispensables pour deux raisons: pour que la société chrétienne - l'église et les états catholiques - ne s'égare pas dans les erreurs néfastes, comme déjà élucidé, et aussi parce que les articles de la foi et des autres vertus, espérance et charité, ne seraient pas croyables si l'Esprit Saint ne les avait pas révélés avec une histoire croyable de leur révélation. Par exemple, je crois sans problème que Mahomet a reçu une révélation d'un être spirituel qui se présentait comme Djibril. Ou que Numa Pompilius a reçu les instructions pour l'art de divination par une nymphe Égérie. Ou que neuf Muses qui (oh malheur) chantaient des hymnes à Zeus "avec l'égide" et à Kronos "aux pensées fourbes" (donc à Satan - à différence du Saturne dont le fils était Picus en Italie) ont révélé la Théogonie à un pâtre qu'ils commençaient par insulter comme grossier. Ou que Joseph Smith a reçu une visite d'un "ange Moroni" qui le présentait avec le livre de Mormon. Ou que Raël a reçu une message des extraterrestres. Je crois que ces révélations ont eu lieu, mais je ne crois pas qu'ils viennent du Bon Dieu, plutôt du Diable. Donc, pour vérifier les articles de la sainte foi, fallait une histoire qui montrait le Bon Dieu en action comme le Bon Dieu - par exemple en sortant les Hébreux de l'esclavage en Égypte ou en guérissant la lèpre. Ou ... pour revenir à Galilée ... qui aidait les Hébreux à vaincre des idolâtres sacrificateurs d'enfants humains et d'autres horreurs, en par exemple arrêtant le Soleil pour Josué.
Si on ne peut pas croire la Bible dans son histoire, sa révélation dans les choses surnaturelles ou morales manque de l'autorité devant une raison qui sait qu'il y a des fausses révélations.
Après que Galilée eût confabulé ça, ce que je viens de réfuter, point par point, on comprend assez bien pourquoi le Pape Urbain VIII considérait Galilée plus dangéreux que Luther. Si cette lettre avait fait partie de ce que le docte de Pise avait publié, alors il aurait du abjurer ça aussi ou - selon les lois de l'époque et non sans justice - finir sur le bûcher. Mais si ce n'était pas exprimé en publique, il traitait du miracle de Josué d'une manière très suspecte.
Arrêtons-nous sur le miracle de Josué un peu plus.
Galilée parlait dans cette lettre de ce que l'auteur ait écrit pour être compris par le petit peuple (et savait-il comme un fait que le livre de Josué fut du tout lu devant le petit peuple dès le début comme le fut la Loi une fois chaque sept ans?), mais il omet de refléchir sur les mots de Josué à l'occasion. Or, Josué ne les adressait pas au petit peuple, mais au Soleil et à la Lune.
Précisément comme Notre Seigneur s'adresse à un corps humain en disant "sois pûr" et à des esprits mauvais en disant (à mainte reprise) "quitte-le" ou (à Gadara) "quittez-le".
Il ne s'agit donc pas des mots d'un raconteur qui veut faire comprendre le miracle d'une manière adaptée au publique non instruit à supposer qu'il y en avait, il s'agit des mots utilisés par le faisaeur même d'un miracle. En faisant le miracle. Certes, devant un peuple, dont certains étaient effectivement "le petit peuple", mais pas en parlant à eux.
Quelle malhonnêteté est-ce qu'on suppose chez Josué et chez Notre Seigneur Jésus-Christ, si on dit "Josué savait que la Terre tourne et Jésus que les démons ne sont que des schizophrénies, mais ils n'ont pas voulu faire basculer les superstitions du petit peuple de leur temps, ils ont attandus que nous découvrons le sens véritable pour vous"?
Et quelle ignorance peut-on supposer chez celui qui fait un miracle, et en plus, quand à l'un des deux, qui est Dieu dans la Chair?
Non, la prétence de Galilée est très absurde. Je crois qu'un Chrétien cohérent (il y en a qui sont peut-être encore fidèles grâce à une incohérence, mais elle ne reste pas en place pour tout le peuple chrétien) doit rejeter ceci, et biensûr les athées rejettent ce qu'il prétend pour la Bible eux de leur côté aussi. Ils ne croient pas le Crédo, ni le Décalogue (par exemple, ils ne considèrent le plus souvent pas de nos jours, que l'avortement est meurtre et doit être interdit comme tel).
Hans-Georg Lundahl
BpI, Georges Pompidou
St Venceslas et
Veille de St Michel Archange
28-IX-2013