Sa maman était plus jeune que son papa:
Par une lettre de décembre 1593, saint François de Sales nous apprend qu’à cette date sa mère était dans sa quarante-deuxième année. Ainsi elle était née en l’an du Seigneur 1552, au château de Boisy. Prénommée au baptême Françoise, elle était fille unique de Melchior de Sionnaz, seigneur de la Thuile et de Vallières, et de son épouse damoiselle Bonaventure de Chevron-Viliette. Les Sionnaz descendaient de haute et antique lignée, voire même impériale et royale, s’il faut en croire l’historien Charles-Auguste de Sales. « Voudrais-je, a-t-il écrit, remonter par Albérade de France, je pousserais notre généalogie jusqu’à l’empereur et roi Charlemagne de qui descendirent Louis le Débonnaire, Charles le Chauve, Louis le Bègue, Charles le Simple, Louis d’Outremer qui de Gerberge de Saxe eut notre Albérade. » Françoise de Sionnaz passa sa petite enfance aux « château, terre et seigneurie de Boisy1, estimés mille et huit cents écus d’or ». Et elle n’avait pas encore ses huit ans lorsque, sans qu’elle l’eût cherché bien sûr, il fut décidé de son avenir.
Le 12 mai 1559, un gentilhomme de la contrée, Louis de Sales, seigneur de Brens, convolait en justes noces avec damoiselle Janine de Guasquis. Étaient de la fête une foule de gens nobles, parmi lesquels on distinguait Melchior de Sionnaz et son épouse. Ils avaient amené avec eux leur fille Françoise. Gracieuse et candide, celle-ci fit sensation. Et la noce finie, quelque chose d’inattendu arriva. Le second des fils de Sales, François, cadet du marié, avait observé l’aimable petite dont le charme l’avait soudainement conquis.
Dans une visite qu’il fit peu après aux de Sionnaz, sans prendre de détours, il leur confia son sincère désir d’avoir un jour pour femme leur petite Françoise. Encouragé par un accueil étonné mais cordial, il conta brièvement son histoire. Né au château de Sales en l’Épiphanie de 1522, il était devenu à seize ans page-écuyer de son propre parrain, le prince François de Luxembourg, gouverneur de Savoie et vicomte de Martigues. Six ans plus tard, officier de cavalerie, il prenait part aux côtés du roi de France François 1er à la guerre contre l’empereur Charles-Quint allié du roi Henri VIII d’Angleterre. Et François de Sales ne put cacher qu’il s’était comporté en brave. En effet, assiégé pendant quarante jours par l’empereur Charles dans la place forte de Saint-Dizier-sur-Marne, il avait tenu bon à la tête de sa compagnie. Le siège de Landrecies lui offrait ensuite l’occasion de semblables exploits. Enfin, la paix revenue, il avait rempli des missions importantes, notamment à la cour de France auprès de Sa Majesté Henri II. Après une existence aussi mouvementée, resté célibataire, il s’était retiré, à trente et quelques années, au château familial de Thorens, ne gardant de sa vie militaire qu’une seule fonction : celle de « capitaine de la garnison d’Annecy ». À la guerre, aux va-et-vient et aux intrigues de la diplomatie il préférait sa situation de propriétaire terrien en son domaine de Sales. Sans se flatter, il pouvait se dire heureux de son lot, « le revenu, pour ce seul domaine de Sales, étant de quinze mille livres qui servent autant en Savoie que trente mille en France ».
La grande différence d’âges étonnerait moins quand Françoise de Sionnaz aurait achevé sa croissance. Du côté de la fortune les situations paraissaient égales. Et puis le prétendant était bon catholique : sans être d’une piété très expansive, il pratiquait exactement sa religion.
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Ce fut quand même un mariage peu ordinaire : ce gentilhomme de quarante-quatre ans et cette adolescente qui approchait de ses quatorze ans. Mais la coutume du temps autorisait dans les familles seigneuriales de telles alliances. La cérémonie eut lieu « à la face de l’Église, » comme dit un témoin de cette époque, au printemps de 1566, et la jeune châtelaine vint habiter le château de Thorens avec le seigneur François de Boisy, son légitime époux.
la maman saint françois de sales - Saint Rémi
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Voir aussi: Amazon : Mgr Francis Trochu,... La Maman de saint François de Sales
https://www.amazon.fr/Francis-Trochu-Maman-saint-Fran%C3%A7ois/dp/B0014OLICK
Et si la coutume du temps l'autorisait, le dogme catholique aussi. La loi canonique aussi.
Quand à la qualification "dans les familles seigneuriales", il faut savoir que les autres ne devaient que rarement attendre jusqu'à 44 avant qu'un homme puisse se marier ... à part peut-être dans la haute-bourgeoisie, où également des délais imprévus pouvaient s'installer en termes de questions de carrière. Les paysans et les berger se marièrent plus vite, pas mal, à moins d'être empêchés par pauvreté, assez vite après les 14 ans requis pour les garçons.
Hans Georg Lundahl
BU de Nanterre
Décapitation de St Jean Baptiste
29.VIII.2016