Monday, March 26, 2018

Bon, M. Reeves, je sais que vous parlez le français ...


Et en l'écrivant l'année dernière, vous avez fait une bêtise sur l'histoire des sciences, comme pas mal d'autres scientifiques.

Sciences et Avenir, Spécial Anniversaire, p. ... ça pourrait être d'un livre de Douglas Adams ... 42.

Voici la phrase incriminée:

Pendant des millénaires, l'Univers était en effet considéré comme infini et immuable, tel que le philosophe grec Aristote l'avait décrit au IVe siècle avant Jésus-Christ.


Aristote, en effet, a bel et bien décrit l'Univers comme immuable, puisqu'il dépend en simultané de Dieu, et Aristote n'arrivait pas à comprendre pourquoi Dieu infiniment bienheureux prendrait une quelle-conque décision, donc, l'univers serait un effet secondaire du Dieu éternel, donc, lui-même aussi éternel et immuable.

Sur cette erreur théologique, il a été corrigé en avance par Platon et après les faits par St Thomas d'Aquin.

Par contre, il n'a nullement décrit l'univers comme infini, c'est de Bruno, Newton et de Kant que ça remonte.

D'abord, l'univers dépend de Dieu en simultané comment, exactement? Il bouge autour de la terre un cercle les 24 heures ou presque autant (pour le Soleil, c'est 24 h par définition, mais il est en retard par rapport aux étoiles fixes).

Or, un univers infini aurait donc pour conséquence une vitesse infinie des choses qui bougent autour de la Terre, mais une vitesse infinie est invisible (surtout en cercle!) et donc, l'Univers a une limite extérieure à ce mouvement.

Ensuite, comment est-ce que Bruno, Newton et Kant ont bouleversé l'idée pour que pendant quelques siècles l'univers soit considéré par certains comme infini?

Bruno, il se posait la question, "si on peut marcher et marcher et toujours trouvers des nouveux horizons infiniment, alors pourquoi l'univers ne serait-il pas infini aussi?" Le problème, sur un globe ce n'est pas le cas. On marche (et navigue) suffisamment longtemps, on se retrouve avec le même horizon, comme Philéas Fogg et Passepartout à Londres. Son analogie n'était pas une, à moins d'imaginer la Terre comme plate (et les soleils comme une série).

Newton, avec la gravitation qui pousse les choses lointains vers l'ensemble, pour que les étoiles ne se rencontrent pas dans un "big crunch" il est nécessaire que en dehors de chaque étoiles de celles qui tirent le soleil entre elles, il y ait encore et encore et encore d'étailes qui les tirent vers l'extérieur aussi, en toute direction (ou, au moins dans un cylindre assez plat, avec une finitude dans une des dimensions possible). Je ne suis pas sûr qu'il en ait tiré cette conséquence lui-même, il était au moins créationniste jeune terre, mais en revanche, des newtoniens en ont tiré cette conséquence.

Kant n'était pas capable d'imaginer qu'un quelconque objet soit entouré de même un seul côté du néant, donc, pour lui c'était chose sûre : l'univers était rationellement parlé infini. Notons, il a considéré aussi impossible d'imaginer un univers infini, donc, il a mis cette observation parmi les "apories", là où la raison n'arrive pas à se faire un chemin. Il semble qu'au moins certains des kantiens auraient penché vers un univers infini.

Mais Bruno, Newton et Kant sont tous du dernier demi-millénaire. Bruno fut brûlé (car il défigurait la théologie, pas juste la cosmologie) en 1600. Les autres deux sont encore postérieurs à lui. Donc, ce n'est pas pendant des millénaires, ni d'Aristote, que vient l'idée d'un univers infini.

Si vous doutez que j'ai raison dessus, pourquoi pas consulter Michaël Fœssel, votre co-équipier pour ce numéro spécial?

Hans Georg Lundahl
BU de Nanterre
St Castule et
Lundi de la Semaine Sainte
26.III.2018

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