Ce message ou essai a été inspiré par deux faits. D'abord, j'ai trouvé un groupe de trois vidéos, intitulé La mythologie, à quoi ça sert, chaque vidéo prend trois fois une demi-heure pour trois mythes grecques par vidéo. Or, je n'ai pas vu les vidéos. Par contre, les mythes sont annoncés en dessous de chaque vidéo et sont aussi connus par moi en avance.
Les voici:
- Vidéo I
- 1 ère partie : Début de l'Univers,
comment les Grecs anciens voyaient-ils la création de l'Univers?
- 2 ème partie : La guerre des dieux,
des querelles incessantes opposent les dieux grecs.
- 3 ème partie : Prométhée,
l'histoire du voleur de feu pour servir les hommes.
- 1 ère partie : Début de l'Univers,
- Vidéo II
- 1 ère partie : La guerre de Troie,
la grande épopée de la guerre entre Grecs et Troyens.
- 2 ème partie : L'épopée d'Ulysse,
la ruse d'Ulysse a permis aux Grecs de vaincre Troie.
- 3 ème partie : La mort de la Méduse,
comment Persée triompha de la mort elle-même.
- 1 ère partie : La guerre de Troie,
- Vidéo III
- 1 ère partie : Dionysos,
il est le dieu du vin, du théâtre, de la fête mais aussi de la folie.
- 2 ème partie : Oedipe,
l'oracle avait prédit qu'Oedipe tuerait son père et épouserait sa mère.
- 3 ème partie : Croyances et Religions , la société grecque,
et Jean-pierre Vernant termine en parlant de son parcours personnel.
- 1 ère partie : Dionysos,
Sur le parcours personnel de Jean-Pierre Vernant, je n'ai, avant d'écouter ces choses, strictement rien à dire.
Sur les autres, oui. Mais d'abord allons à l'autre inspiration de mon article. J'avais une conversation dans le parc. Elle mène à aborder un peu de ceci, que la théologie des mythes payens est mauvaise, mais les récits vus par les hommes pas forcément tels.
La mythologie babylonienne a une théologie atroce.
Anou se serait retiré, ses deux fils se seraient quérellés, Enlil serait le seigneur, mais un dur et de mauvaise humeur (il aurait décidé le déluge parce que le vacarme des hommes lui cassait la tête), Enki serait l'ami des hommes, mais en tant que rébelle envers Enlil.
Le vrai Dieu ne se retire pas. Il est seigneur ET ami des hommes.
Entre Zoroastre et cette mythologie, il semble y avoir un rapport, quoique les rôles sont en peu plus chrétiennes pour Ormuzd (correspond grosso modo à Dieu) et Ahriman (correspond grosso modo au diable), mais comme Enlil et Enki, ils sont frères, et donc quelque part égaux.
Pour Gnosticisme et Manichéisme, c'est un peu Zoroastrisme réchauffé, épicé de quelques miettes du Christianisme, parfois, mais une rechute vers la pensée "Enlil/Enki". Bien que, comme chez Zoroastre, le Mauvais est rébelle, il est en même temps seigneur de ce monde matériel, et donc, le Bon, quoique en soi supérieur au Mauvais, devient obligé ici-bas d'être rébelle ou quasiment.
Rébellion reste le thème d'autres mythologies aussi, celle des Grecs présente leur "très-haut" comme rébelle envers son père, ce qu'ils mitigent en ajoutant que celui-ci l'était envers le sien.
Et pour les Hindous, Brahma s'endort en créant le monde, Vichnou le maintient, Chiva le détruira en éveillant finalement Brahma du sommeil, dont les rêves sont notre réalité. Encore une fois un conflit dedans le divin lui-même, et en plus (comme chez Gnostiques et Manichéens) la réalité matérielle devient une illusion.
Si la théologie proprement dite du mythe payen est généralement atroce, il y a d'autres côtés qui ne le sont pas.
Je viens de raconter comment le mythologie babylonienne rend compte du déluge et de Noé, et ça veut biensûr dire qu'il admettaient que le déluge ait eu lieu. Ce qui est bien. Les mythomanes et mythographes qui nient même le déluge sont, comme l'a noté Saint Pierre, dans son premier ou deuxième encyclique ou bulle papale, les moqueurs des derniers temps.
Le récit du Déluge selon les babyloniens est généralement assez proche de la Genèse, sauf pour la théologie de base et pour certains détails de théologie mythologique. Le dieu du soleil serait aussi le dieu qui ait rempli de pain ce qui correspond à l'Arche. À différence de la théologie de base, ceci est, pour un payen, plutôt un signe précurseur de la vérité chrétienne.
Jésus-Christ est appelé Soleil de la Justice - et Il est aussi le Pain venu du Ciel.
Le détail dans la mythologie babylonienne pourrait même être venu du récit de Moïse sur le traversé du désert, de la Manne. Ça dépend comment les choses son plus ou moins mal datés en arrière, avant Jésus-Christ, la chronologie biblique tient, mais est-ce que Moïse est contemporain de Amenemhet III et de Sésostris, ou l'est-il plutôt de Pépi?
En partie ça dépend en son tour sur la monté de Carbone 14 dans l'athmosphère. Dans mon essai "avec un peu d'aide de Fibonacci" j'ai modélisé de manière d'avoir Moïse comme un candidat possible pour Amenemhet IV, avant qu'il ne frappe l'Égyptien et se retire au désert. Dans une autre modélisation de la montée de carbone 14, j'avais trouvé qu'il devait être contemporain de Pépi et donc de Hammourapi. Ce qui m'avait fait conclure que mon modèle était faux - mais pourtant il y a des chrétiens qui vont faire même de Salomon un contemporain de Hammourapi.
En mythologie égyptienne, le début correspond assez bien au scénario juste après le déluge. Il y a de l'eau qui couvre tout, il y a ensuite de la terre qui se lève de l'eau. Comme Noé avait un corbeau à envoyer de l'Arche, le début égyptien comporte un faucon. Les deux oiseaux sont des oiseaux carnivores, et cadavrovores. J'ignore le rôle exacte du Condor dans la mythologie andine, mais il devrait en y avoir, et ça devrait remonter au même moment en fin du déluge.
Andine, venais-je de dire. Bon, dans cette mythologie là, deux choses sont remarcables : les Andes fonctionnent comme l'Arche. Les survivants sont un frère et une soeur, l'humanité après le déluge commence donc avec une relation qui aurait pu être considéré incestueuse.
Pour nous les Chrétiens, c'est au contraire la génération après Adam et Ève qu'on doit chercher pour les mariages entre frères et soeurs. Les trois fils de Noé ont pris des femmes qui n'étaient pas leurs soeurs. Mais ça pourrait commémoriser (en forme mitigé) l'inceste entre père et filles après la destruction de Sodome (Lot et ses filles se sont aussi réfugiés en une région montagneuse), et ça sert à justifier la coûtume des Incas d'épouser leurs soeurs.
Chez les Nordiques, le Déluge est avant les hommes.
Les victimes du Déluge sont les géants. Le survivant en est Bergelmer, un géant passablement gentil, par rapport aux autres. Les dieux qui ont tué Ymer l'ont épargné en l'avertissant que le sang allait noyer les autres géants, donc Bergelmer s'est réfugié dans un bateau (fait de quoi? les arbres sont aussi postérieurs au déluge nordique!) avec sa femme, avant de repeupler le monde de géants - fait sur partie du carcasse d'Ymer. Celui-ci, aussi épélé Ymir, maintenant on pourrait l'épeler aussi Imir (Y=I en icelandais moderne) est le géant ou titan primordial.
Si, pour ces nordiques, le déluge venait avant les hommes, comment les hommes savent-ils quelque chose du déluge?
La raison réelle, celle qui est valable pour les autres mythologies ayant un déluge ou une trace du déluge, c'est que l'humanité a été repeuplé après le déluge par les survivants du déluge. Par les trois fils de Noé et leur trois femmes, Noé et sa femme étant aussi encore en vie pour le regarder.
Mais au sein de la mythologie nordique, la raison allégué aurait dû être que les dieux ou les oracles des dieux disent ainsi.
Voluspá est un chant fait par une Sibylle probablement en état de trance, donc un médium comme les médium vaoudou.
Gylfaginning raconte comment Odin avec sa famille sont venus en Suède et ont trompé les gens à les prendre pour des dieux. Il aurait à l'occasion révélé coment il aurait fait (un peu plus jeune qu'alors) pour créer le monde.
Les deux sources qui ont pu servir aux payens nordiques ici mentionnées et autres pareilles dépendent donc en grande partie du témoignage d'un être surnaturel ou supposé tel sur des choses que les hommes n'ont pas vues.
Très autrement la Bible, quasi la totalité est, comme celle de l'Iliade ou de l'Odyssé, de l'Anabase et de Mémorabiles sur Socrate par Xénophon, des choses vues par des hommes et racontés à leur postérité.
Des premiers onze chapitres de la Genèse, le récit des six jours, jusqu'en partie du sixième jour, est "posé sur l'Olympe" (j'anticipe, voir plus bas) dans le sens de ne pas avoir de témoins humains. Le reste des onze chapitres, hormis le dit de Dieu en Genèse 6, en a. Et ce dit de Dieu a pu être, comme les six jours, révélé à un homme. Mais la plupart de l'histoire biblique sont des choses qui n'avaient pas besoin d'être révélés surnaturellement. Au contraire, c'est cette histoire, naturellement connue, qui révèle le surnaturel.
Si on retourne aux 8 mythes grecs, il me semble qu'il y a lieu de faire des distinctions là-dessus.
- Hors tout témoignage humain hormis les révélations tels que par Voluspá, ce qui ne renvoie pas à un témoin humain des faits, mais juste d'une intervention surnaturelle dans sa vie contenant un message donné par l'entité surnaturelle (ou par la trance):
I:1 et 2 Début de l'Univers, La guerre des dieux.
Un Chrétien n'est pas obligé d'y voir dedans que des soit purs erreurs, comme fausse théologie, soit vérités mises en tumulte, comme les déformations du récit du déluge.
- Vu par les hommes, hormis les scènes "posés dans l'Olympe":
II:1 et 2, III:2 La guerre de Troie, L'épopée d'Ulysse, Oedipe.
Un Chrétien devrait les accepter tels quels, ces récits. Hormis bien-sûr les scènes mises en Olympe (comme le débat entre Zeus ou Jupiter et sa fille Pallas Athénâ ou Minerve sur le sort d'Ulysse). Avec quelque réserve sur ce qui est possible d'être le fruit d'une vantardise où les écouteurs n'ont pas eu la possibilité de vérifier.
Quand Saint Paul dit que 500 personnes ont vu Jésus ressuscité et la plupart en sont encore en vie, et quand tout le monde savait où se trouvait Jérusalem, là où il convenait de vérifier, il y a de la possibilité à vérifier pour ses écouteurs. Et de falsifier.
Quand Ulysse apparaît seul devant Nausicaa et son père, chez les Phéaques, il peut prétendre qu'il a confronté Polyphème et que ses compagnons pouvaient à l'époque encore vérifier, mais il ajoute bien-sûr qu'ils ne le peuvent plus. Scylla et Charybde? Ou chez Circé? De toute manière, ses compagnons sont tous désapparus, il peut dire ce qu'il veut, personne ne risque de le contredire.
L'histoire d'Oedipe ne présuppose pas que l'oracle de Delphes avait un vrai pouvoir de prophétie. Ses prophéties étaient des pièges, auto-accomplissants. Si Laïos et Oedipe n'avaient pas cru, ils auraient pu éviter d'accomplir ces malfaits.
- Possiblement en la plus grande partie le fruit d'une telle vantardise:
II:3, la mort de la Méduse en est un peu suspect. Par contre, probablement la pseudo-prophétie delphique faite à Akrisios, grand-père maternel de Persée, est vraiment un fait.
I:3 en est très suspect. Le libérateur de Prométhée est, comme on connaît, Hercule. Aucun d'autre homme (sauf les tous premiers qui n'avaient pas laissé des récits derrière eux, au moins pas aux Grecs) que lui seul a vu Prométhée. En plus, le récit de Prométhée enfin pardonné par Jupiter ressemble à une belle fin à l'histoire des frères Enlil et Enki - car Prométhée est un peu une figure d'Enki en miniature.
- Possiblement déformé après un récit biblique (ou ses faits, plutôt) autre que le Déluge et la Destruction de Sodome:
III:1 Dionysos, car Moïse a pu être son modèle, de manière très indirecte. Certains faits d'Hercule pourraient aussi remonter à Élie (l'histoire de délivrer Thésée de l'Enfer ou de redonner la vie à Alceste).
Donc, pour moi, "mythologie" n'est pas une seule catégorie en soi, c'est une catégorie "par convenance", parce que, par exemple, les 8 récits sont surtout soit des hexamètres en dialecte homérien, soit en sénars iambiques en dialecte vieil attique.
Les mythes, comme on les appelle, n'ont pas la même valeur théologique, ni la même valeur historique. Pour déterminer la vérité qu'elle souit théologique ou historique chez un récit, il est donc fort inutil de se demander s'il peut être comparé à un mythe comme les énumérés ou non. Poser la question de cette manière montre une insensibilité à la diversité des mythes, même chez les payens.
Hans Georg Lundahl
Nanterre, BU
Veille des Saints Apôtres
Pierre et Paul
28.VI.2016