Saturday, March 12, 2022

Rafistolage - l'essence de la Renaissance


C'est vrai pour les vêtements.

Les culottes et vestes avec beucoup de coupures et d'étoffe qui voyait à travers, c'est les lansquenets qui rafistolaient leurs vêtements après les batailles.* Le style a été imité de manière stylisé, mais la base, c'est ça. Certains ajoutaient encore des coupures et donc des rafistolages en outre de ce qui arrivait en bataille, et la vue d'ensemble était un peu plus bigarré que le vestiaire d'un civiliste ou quelqu'un qui pouvait se montrer en appareil distingué, mais allait dans le même sens.

Mais c'est aussi vrai pour les revivances de l'antiquité gréco-romaine.

On rafistolait, en essence, une toge antique autour un pourpoint médiévale, pour ce qui concerne la mentalité. Ce à quoi aurait correspondu un vrai retour de tunique et toge à la Cicéron, la Renaissance en était très loin. Valla était un curé catholique et il changeait le sujet "grammatica" de la scholastique en rafistolant des morceaux de connaissances antiques et païens, mais sans de revenir à une mentalité païenne.

Pas mal de trucs de la Renaissance qui semblent à première vue comme un retour au paganisme, ne le sont simplement pas, il y a de ça au Moyen âge aussi. Genre, l'amour pour Virgil ne commence pas avec Dante, il est là tout au long du Moyen âge en Occident latin. Chez Charlemagne déjà, on a des poëtes qui s'appellent entre eux d'après Virgil, Horace et les autres. On a parlé de la "Renaissance carolongienne" et en réalité, la seule chose qui changeait vers davantage d'antiquité, c'était la prononciation du latin. Avec, notons-le, l'arrivé d'Alcuin de York, parce qu'en Angleterre de 800, le latin était une langue étrangère cultivée comme telle depuis les temps de St. Augustin** de Cantorbéry, qui amenait son latin d'Italie, dont la latinité était davantage conservatrice que celle des Gaules sous le régime de la Francie.

Erasme, autre curé et secrétaire épiscopal catholique, va restituer la prononciation du latin antique, et je pense qu'il avait bien compris que les désinences en -um, -am, -em se prononçaient*** comme des voyelles nasales portugaises, mais ça ne prend pas, et même l'idée générale de dire kaïsar plutôt que (t)sêsar prend du temps bien après la Renaissance de devenir la règle dans l'enseignement du latin.

Luther, curé catholique et ensuite apostat à une hérésie qu'il rafistole, justement, lui-même, s'imaginait en train de rebâtir l'église du Nouveau Testament - en faisant assez peu de changements, et ceux-ci selon l'obtenu par Valla ou par Érasme.

Boccace compte comme "de la Renaissance" à cause de son latin, mais son célèbre Décaméron donne davantage d'histoires récentes du Moyen âge, toute la situation de base est du Moyen âge très tardive (après la grande peste) et le Filostrato dedans sera repris par Chaucer, que tout le monde s'accorde à considérer comme du Moyen âge (il a débuté comme traducteur du Roman de la Rose), et l'histoire se laisse plus facilement remanier par Chaucer que ce n'aurait été le cas pour Virgil ou Plaute. Le premier aurait approuvé le tragique, mais pas qu'on y mette une histoire d'amour, le second l'histoire d'amour, mais pas qu'on y mette du tragique. Le mélange des deux se retrouve par contre depuis la litérature arthurienne.

Hans Georg Lundahl
Paris
Samedi de Quatretemps
et mém. de St. Grégoire le grand
12.III.2022

Romae sancti Gregorii Primi, Papae, Confessoris et Ecclesiae Doctoris eximii; qui, ob res praeclare gestas atque Anglos ad Christi fidem conversos, Magnus est dictus et Anglorum Apostolus appellatus.

* Slashing is a decorative technique that involved making small cuts on the outer fabric of a garment in order to reveal the sometimes brightly colored inner garment or lining. It was performed on all varieties of clothing, both men's and women's. Contemporary chroniclers identify the source of the fashion for slashing garments to the actions of Swiss soldiers in the aftermath of the Battle of Grandson in 1476. - Le "slashing" est une technique décorative qui impliquait des petites coupures dans l'étoffe extérieu d'un vêtement pour faire ressortir le vêtement intérieur ou la doublure, parfois colorés clairs. Ce qui se faisait sur toute variété de vêtements, masculin comme féminin. Les chroniqueurs contemporains identifient le déclenchement de la mode à l'action des lansquenets suisses, après la bataille de Grandson en 1476. ** Mort en 604, donc presque 200 ans plus tôt. *** Au moins selon la compréhension qu'en ont les latinistes de nos jours.

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