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Tuesday, November 16, 2021
Parlant de fantasy, c'est quoi une langue imaginaire?
Posons une population imaginaire - les Syldaves et Borduriens, nettement dans le XXe siècle dans notre monde - ou dans notre monde un peu remanié (la Syldavie apparaît dans un contexte entre deux guerres et dans un contexte de guerre froide, et Tintin a à peu près le même âge), les Elfes et Gondoriens à la fin du IIIe Âge de la Terre de Milieu (censé se trouver, mais inconnu aux archéologues, vers 4000 à 7000 avant Notre Ère dans l'Europe de l'Ouest ou encore un peu plus à l'Ouest que ça, englouti depuis), le fermiers et Tusken Riders et Jawas de Tatooine il y a très longtemps dans une galaxie très éloignée, les cités paléolithiques de Pal-Ul-Don rencontrés par Tarzan ... - on peut souvent imaginer qu'ils parlent une langue autre que celle de l'auteur et du lecteur.
Mais attention - il y a deux types.
Il y a les langues fictives - l'auteur imagine que des tels ont telle langue, mais elle n'apparaît jamais dans le texte ou dans la bande son, elle peut être pour quelque raison tue ou encore remplacé par une langue qui en réalité ne peut pas être celle visée. Et il y a les langues construites.
Le syldave se trouve à mi-chemin entre les deux cas. C'est très peu probable que dans le Balkan il y ait une population parlant une langue de la famille basse-allemande, puisque le syldave ressemble en beaucoup le marrolsch, dialect urbain du flamand parlé à Brusselles, on peut de ce point de vue considérer le syldave comme une langue fictive - au lieu des mots et phrases en langue slave qu'on pourrait deviner d'une histoire où les Slaves arrivent en VIIe siècle on voit en écrit une langue très proche du marrolsch, comme dit.
D'un autre point de vue, Hergé a pris soin que le syldave ne soit pas strictement identique au marrolsch. Car en marrolsch on s'attendrait à "hei bennek, hei blavek" et on trouve en réalité "eih bennek, eih blavek" ... le flamand ou néerlandais ayant en écrit "Hier ben ik, hier blijf ik."
Si le héro d'un livre ou d'un film est lui-même d'une population imaginaire, alors c'est normal que sa langue soit une langue imaginaire remplacée par justement la langue de l'auteur et de son lectorat, et que dans les traductions elle paraisse dans la forme de la langue cible (pas forcément pour les noms propres, comme Tolkien aura insisté pour ce qui concerne le Westron). Donc, en ce qui concerne le lectorat, westique pour Frodo ou galactique pour Luke Skywalker, c'est une langue fictive. Après, Tolkien a fait un effort de faire aussi une langue construite, et on la trouve un peu dans les appendices.
Pour autres langues que le westique, si apparentées, Tolkien puise dans les langues apparantées à l'anglais - comme si un écrivain français avait par exemple utilisé le vieil espagnol comme "équivalent" du degré de parenté pour - et pour les non apparentés, Tolkien fait des langues construites et il expose le lectorat à leur écoute.
Il y a deux buts en construisant une langue : Zamenhoff avait un but utilitaire ou idéaliste pour une politique équitable entre les peuples, Tolkien avait un but artistique. N'empêche, les deux ont pensé les catégories grammaticaux* pour regarder ce qui va dans les qualités recherchées de leurs langues. Les pronoms non personnels et les adverbes qui y correspondent ont dans l'esperanto la possibilité de se rapporter comme "kiu" = qui? et "nenies" = à personne, nullius. Un i au milieu, une consonne (ou pour nen- une syllabe en plus) au début qui quantifie en inconnu, en personne ou rien du tout, en celui - et une désinence qui donne la catégorie, substantive ou adverbielle. Le quenya a également son truc pour les pronoms, personnels cette fois : sujets affixés comme désinences (aussi les possessives après un substantif) : utúvie-nye-s, je l'ai trouvé. Utúvie = il a trouvé, utúvie-nye, j'ai trouvé, utúvie-nye-s, je l'ai trouvé. Maryat, ses mains (à elle), ma, une main, ma-t, les deux mains, ma-rya-t, ses mains. Avec -rya- = s + ya.
Merci à Monsieur Fauksanger pour l'exemple:
Quenya - the Ancient Tongue : Pronouns
https://folk.uib.no/hnohf/quenya.htm#Heading12
Il paraît que George Lucas n'avait pas l'intérêt de construire des langues. Car la langue des Jawa, c'est du zoulou enrégistré et ensuite mis à double ou triple vitesse. Ça, c'est plutôt vraiment une langue fictive.
7 Languages Spoken in a Galaxy Far, Far Away | Star Wars
5 nov. 2021 | Olly Richards
https://www.youtube.com/watch?v=nebt6M1sTjg
Une autre langue de "là-bas" est remplacé par le kalmouk, et la langue des Sith semble être (si j'ai bien compris) un polonais légèrement "syldavisé" ... en lettres hébraïques parfois.
Certains prétendent peut-être que, pour avoir une grammaire, une langue a besoin d'avoir des gens qui la parlent réellement entre eux. Mais la grammaire de Zamenhoff est faite avant qu'il y avait d'autres espérantistes, et entretemps, il y a des quenyaphones (quoique pas monoglottes, j'espère).**
Hans Georg Lundahl
Paris
Sainte Gertrude
16.XI.2021
* Pour les deux exemples choisis, Zamenhoff a été inspiré par le Grec ancien, Tolkien par le Turc. Si τις et ουδενος ne semblent pas si proches, il y a toute une gamme dans laquelle ces pronoms s'insèrent, et pour le Turc, buldum = j'ai trouvé ou je l'ai trouvé, ellerim = mes mains, même désinence -m pour le sujet et le possesseur, donc.
** Si le quenya est d'une grammaire et d'un vocabulaire réels, ils ne sont pas complets dans l'œuvre de l'auteur. On a supplémenté depuis, quoique ce n'est "pas canonique" ... et c'est davantage facile de parler d'une battaille perdue ou de la mer que de demander le café, à moins d'y avoir recours.
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