Même certains protestants auraient leurs difficultés avec lui.
Dom Guéranger a beau être un liturgiste, il n'est pas si bon historien des protestantismes (au pluriel!) que Bossuet.
Le Protestantisme dont la théorie de grâce et de prédestination correspond le plus à Jansenius et Quesnel (et encore Michel de Bai, un proto-janséniste de Melun - certains pages de l'édition léonine de la Somme donne en notes en bas de page les références aux erreurs condamnées qu'avaient embrassées Bai, Jaanssen et Quesnel), ça correspond au courant du protestantisme autour de Luther et Calvin. Ils furent heureusement contredits par Arminius. Comparer Calvin et Arminius est comme de comparer Quesnel au jésuite Molina. Bien que l'arminianisme fut minoritaire dans son siècle parmi les Protestants, il convient de savoir que les Baptistes, en majorité, sont Arminiens et non Calvinistes. On se trompe donc beaucoup sur les Évangélistes si on les compare à ce genre là de Protestantisme que représentent Luther et Calvin. On se trouve également en erreur de fait si on croit qu'un Catholique ayant qqc en commun avec eux - par exemple le créationnisme qui est plus commun parmi les Évangélistes américains que parmi les Calvinistes français - aurait forcément une quelleconque connivance avec les "errores Baii Jansenii et Quesnelli" que l'édition léonine cite si souvent en bas de page. Surtout sur le chapitre de la grâce et prédestination.
Bible en français ... bon, il y avait eu 14 éditions en Haut-Allemand et 4 en Bas-Allemand avant l'édition hérétique par Luther. Il y avait eu une édition castillane de la Bible par un des cardinaux Cisneros ou Ximenes, si ma mémoire ne me trompe pas. Belloc affirme que ce qu'on prend pour l'édition condamnée de Wycliff est en réalité une autre édition catholique de la Bible en anglais.
Une traduction de la Bible en langue vernaculaire peut être une occasion magnifique pour les hérétiques de répendre leurs erreurs avec des mots traduits à travers (par exemple traduire "assemblée, surveillant, ancien, serviteur" au lieu de transcriber "église, évêque, prêtre, diâcre", ou affaiblir la salutation angélique, ou ajouter un "solus" ou un "sola" dans un endroit où St Paul ne l'a pas mis sous prétexte de sauvegarder le génie nationale de la langue allemande - les deux exemples là sont à propos l'édition erronnée de Luther et sur des points où il a défendu sa traduction erronnée dans une lettre ouverte encore préservée appelée "Sendbrief vom Dolmetschen", dont la lecture m'a avisé de sa malhonnêteté), mais ça peut également être l'occasion et parfois une occasion nécessaire de mettre de l'orthodoxie catholique dans les mains des fidèles. Tel est par exemple le cas des Bibles Douay-Rheims (notez la vieille orthographe des deux villes françaises) et son commentaire rédigé par Haydock (dont un prôche avait été martyrisé sous Élisabeth), qui souvent fait appel à des commentateurs de catholicité irréprochable. Pour le Nouveau Testament je cite volontier Worthington et Witham, deux évêques in partibus qui depuis le collège de Douai ont organisé la mission catholique en Angleterre, Écosse et Irlande pour les âmes demeurées ou redevenues fidèles.
Notez que le commentaire Haydock auquel je fais souvent référence est tout aussi "bibliciste", c'est à dire tout aussi inerrantiste à propos la Sainte Bible que les Young Earth Creationists dans le camp protestant. J'ai trouvé Kent Hovind en accord avec Duhamel à propos les guerroyers et les chars des Syriens ("dix guerroyers par char", ce que Hovind explique par le fait qu'ils prenaient des relèves).
Mais avoir une Bible en vernaculaire n'implique pas qu'on doive l'écouter en verniculaire dans la Sainte Messe. Et encore moins les mots qui sont l'Ordo plutôt que Temporale et Sanctorale.
Inversement, vouloir la Messe Tridentine n'a normalement pas comme corrollaire de vouloir manquer à l'inerrantisme quand à la Sainte Écriture. Surtout pas de nos jours quand celle-ci est tellement attaquée à causes des prétendues erreurs. On a le droit de ne pas avoir lu dans la Bible ce qui s'oppose à la théorie de l'Évolution, mais une fois qu'on l'a lu - et les évolutionnistes eux-mêmes s'empressent à mettre les passages à la disposition des élèves, ne fût-ce que pour mieux faire éclater le génie de Darwin, on est obligé de croire ces passages. On n'a pas le droit de leur préférer la théorie de l'évolution, et si on aurait théoriquement le droit de chercher une harmonisation, on ne doit pas le pousser à l'absurde, et encore moins prétendre que les Catholiques qui s'y opposent soient des Protestants.
Quesnel a un autre côté. Il pose, non seulement le Concile au-dessus du Pape mais aussi le synode diocésain au-dessus de l'évêque. Un Orthodoxe pourrait être en accord avec l'un*, mais il ne pourrait jamais être en accord avec le démocratisme de vouloir mettre une synode diocésaine au-dessus de l'évêque. Vous savez, un autre "Défenseur de l'Orthodoxie", Grégoire Palamas, non seulement était d'accord avec les Catholiques en ce qui concerne le Péché Originel et l'Immaculée Conception, comme aiment rappeler les Uniates, il était aussi convaincu des privilèges de St Pierre autant que le Pape Innocent III à la nuance près que pour lui chaque évêque ordinaire est successeur St Pierre. Ce qui permet assez directement de défendre la Tradition même au cas qu'on trouve la Papauté contemporaine apostate. Ce que font certains Catholiques Traditionnels. Sans de mettre les autres évêques de la même diocèse, les chorévêques ou évêques auxiliaires, successeurs des 12 apôtres, ni les simples curés, successeurs des 72 apôtres, sur le même pied que leur évêque. Donc, un Orthodoxe qui essayerait de condamner la Mouvance des Catholiques Traditionnels serait en désaccord avec Grégoire Palamas là-dessus.
Je ne connais pas exactement l'endroit où un défenseur de l'infallibilité papale prétend qu'une lacune entre papes pourrait se produire jusqu'à vingt ou trente ans avant l'élection valide d'un nouveau, je sais qu'un texte comme ça existe, mais je ne suis pas sûr de l'auteur, si c'était Cardinal Pie ou Merry del Val ou un autre, ni sur la date de sa rédaction, avant ou après les définitions sur entre autres choses "perpetuos successores".
Et ensuite, je retrouve ce texte après tellement de temps, que j'ai oublié contre quoi c'est que j'argumentais.** Par contre, je clos ici.
Hans Georg Lundahl
BU de Nanterre
St Étienne Proto-Martyr
26.XII.2016
* Ma mémoire doit être erronée, ou encore le récit que j'ai lu l'était. Pape St Zacharie, c'était avant - même une siècle avant. D'où le fait que j'ai mis la parenthèse entre signes de citation et que je la redonne ici:
("quoique Photius lui-même, qu'ils vénèrent comme Défenseur de l'Orthodoxie, posait le Pape Zacharie au-dessus du Concile de Constantinople en 869") ** En partie probablement contre une reproche que mon attirance pour certains baptistes en tant que crétionnistes le serait pour une théologie à la Quesnel - ce qui n'est pas le cas.