Sunday, September 7, 2025

Certains ont une horreur de l'idée que Caïn et Seth aient épousé chacun une des sœurs


Doit-on conclure que la position traditionnelle et consentanée avec le droit naturel soit qu'il y ait eu d'autres personnes humaines qui ne descendaient pas d'Adam et Ève ?

Écoutons l'Abbé Fulcran Vigouroux*, qui se charge de l'erreur de La Peyrère :







Citons les propos sur les pages 529 et 530.

2° Pour réfuter l'opinion de la Peyrère, il suffit de remarquer : — 1° que c'est fausser le sens du texte sacré que de supposer que l'homme, créé le sixième jour, Adam en hébreu [Gen. 1:27] , n'est pas le même que l'Adam placé dans le paradis terrestre [Gen. 2:7,13] : tous les commentateurs sont unanimes à reconnaître l'identité de ces deux Adam. — 2° Caïn pouvait facilement prévoir que le nombre des hommes qui descendrait d'Adam serait bientôt assez considérable pour qu'il eût à craindre d'être tué par l'un deux. — 3° Caïn, comme Seth, épousa une de ses sœurs, de l'aveu de tous les interprètes. — 4° À la difficulté tirée de l'invraisemblance que Caïn ait bâti une ville lorsqu'il n'y avait, dit la Peyrère, personne pour l'habiter, S. Augustin avait répondu à l'avance que les hommes s'étaient rapidement multipliés et que la Genèse n'avait pas énuméré tout les descendant d'Adam. Il exista certainement bientôt assez d'hommes pour que Caïn bâtit non pas sans doute une grande ville, mais un groupe d'habitations fixes et stables, qui pouvait porter en hébreu le nom de ville, 'ir "lieu où l'on est à l'abri". — 5° Les Préadamites ont le tort de vouloir s'appuyer sur la Bible, d'une part, et de la contredire de l'autre. S'ils acceptent son autorité, ils doivent admettre l'unité de l'espèce humaine, puisqu'il est évident qu'elle l'enseigne [Actes 17:26, 1 Cor 15:45, 1 Tim 2:13]. S'ils ne l'acceptaient pas, comment peuvent-ils soutenir qu'il a existé des hommes avant Adam et même qu'il y a eu un Adam, puisque son existence ne nous est connue que par l'Écriture?


Aucune trace d'une répugnance contre le prétendu inceste entre frère et sœur dans la première génération après Adam et Ève. Pas non plus, sans doute, de discussion d'une éventuelle répugnance derrière l'idée de la Peyrère, si une telle chose se trouve dans son livre, contrairement au résumé.

Dans une note en bas de page, Vigouroux cite St. Augustine dans le latin pour le nombre d'hommes quand Caïn fonde la cité de Hénoch. Cité de Dieu, livre XV, chapitre 8. Pour le propos dans le titre, allons plutôt à l'argument du chapitre 16.

Je le résume ainsi, avec observations supplémentaires : — 1° l'inceste (entre frère et sœur) est abhorré comme posant une coalescence entre relations qui diminue le nombre de personnes avec qui on est dans une relation amicale. (Il ne parle même pas de toute un autre problème encore plus grave entre parent et progéniture, puisque ce n'est pas du tout dans le texte, Genèse 4 et 5 n'ai rién de la tragédie de Thèbes). Idéalement, donc, deux fonctions de relations doivent vous unir à deux personnes différentes. — 2° Mais la génération après Adam et Ève, il y avait juste deux fonctions qui coïncidèrent : père et beau-père, la relation d'Adam à Caïn et à sa femme (mère et belle-mère pour Ève) et à l'inverse fils et beau-fils pour Caïn, fille et belle-fille pour sa femme. Et ce n'était pas évitable. — 3° Par contre, la génération prochaine, c'était déjà évitable, on pouvait épouser une cousine germaine, et la coïncidence aurait été de trois relations : Caïn aurait été à la fois père et beau-père de Hénoch et encore l'oncle maternel aussi, si Hénoch avait épousé sa sœur; donc, si Hénoch a épousé une cousine, Caïn n'était que juste père et oncle, mais pas encore beau-père au-dessus du marché. — 4° Dès la génération d'Irad, c'était possible d'avoir Hénoch uniquement comme père, quelqu'un d'autre comme beaupère et quelqu'un d'autre comme oncle maternel. Depuis, on ne fait même pas coïncider deux relations. C'est à dire, licitement. — 5° Avant de répondre que l'affaire entre un frère et une sœur de nos jours ferait juste coïncider deux relations, puisque leur père et mère ne sont pas frère et sœur comme Adam et Ève ne l'étaient pas, les relations licitent doive se pouvoir répéter sans trop d'inconvénient, et là on aurait dans la génération suivante une coïncidance entre trois relations. Et ce qui est dit de Caïn, Hénoch, Irad doit s'entendre aussi de Seth, Énos, Caïnan.

C'est aussi le mobile pourquoi la loi canonique de l'Église catholique extend les relations interdites aussi aux cousins germains, il faut aller au-delà des quatre degrés de consanguinité pour pouvoir se marier, quoique pour les infidèles convertis, seuls les consanguins en premier degré sont obligés de se séparer. Je parle bien entendu en terre de missions, puisque en Occident, les règles de l'Église sont plus ou moins réfléchies dans les législations.

Certains prétendent que la science moderne aurait prouvé que la consanguinité en soi soit malsaine, que les fils de Seth et Caïn auraient donc obligatoirement dû être viciés. Notons ici, l'exemple qu'on donne tellement souvent d'une dynastie viciée par consanguinté, les Habsbourg, dépendait très de dispenses papales mais uniquement sur les degrés acceptés dans la loi mosaïque (le pape ne prétendait pas délier là où la loi avait interdit un degré). Pourtant, les enfants de Philippe IV d'Espagne avec sa nièce Marianne d'Autriche, soit meurent vite, soit pour un est totalement débile (Charles II d'Espagne), soit pour une autre, Marguerite-Thérèse d'Autriche, aligne les fausses couches et les enfants vite morts, et aura une fille, Marie-Antoinette d'Autriche, qui aura un enfant vivant jusqu'à l'âge de presque sept ans, Joseph-Ferdinand de Bavière.

Mais regardons les générations entre Adam et Ève et Joseph-Ferdinand de Bavière. Entre nos premiers parents et Notre Seigneur, il y a selon Luc 3 72 générations. Entre lui et Joseph-Ferdinand de Bavière, comptons 3 ou 4 générations par siècle, et il se trouve ... entre 51 et 68 générations de plus, donc, entre 123 et 140 générations qui ont pu accumuler des mutations nocives, dont certaines surtout en combinaison avec la gène identique dans le chromosome homologue. Et si on compte qu'après le Déluge, la lignée de Jésus comporte pas mal de générations espacées, ce serait plutôt peut-être même 200 ou 250 générations après Adam et Ève pour le pauvre. Qui ne l'est plus, il est baptisé, il est mort avant de pouvoir commettre un péché, il est donc au Ciel. Mais je parle de la génétique. Ces mutations nocives étaient encore absentes chez Adam et Ève et leurs enfants. Ce qui change la donne génétique radicalement.

Hans Georg Lundahl
Paris
XIIIe dim. après Pentecôte
7.IX.2025

* Clicquer les images pour élargir, si vous voulez lire in extenso. Ou consultez le texte :

Manuel Biblique ou Cours d'Écriture Sainte à l'usage des séminaristes
ANCIEN TESTAMENT
Par F. Vigouroux, prêtre de Saint-Sulpice
http://areopage.net/PDF/VigourouxBacuez_ManuelBiblique.pdf

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