Ibn-Al-Athir X, 185-188, implique une analyse géopolitique, visant le propos que la Terre Sainte ait été choisie comme cible parce que l'Afrique du Nord était difficile. Mais cette analyse géopolitique est présenté comme de l'histoire - ou peut-être plutôt pseudo-histoire. Voyons un extrait, avec le commentaire:*
- Extrait:
- Les choses commencèrent ainsi : leur roi Baudouin parent du Franc Roger qui avait conquis la Sicile, réunit un grand nombre de Francs et fit dire à Roger:
" - J'ai rassemblé une forte armée et je vais venir chez toi pour aller, en partant de tes bases, conquérir la côte d'Afrique et devenir ainsi ton voisin." Roger réunit ses compagnons et les consulta sur cette proposition.
" - Par l'Évangile, firent-ils, voilà une bonne chose, et pour eux, et pour nous; ainsi ces pays deviendront chrétiens." Là-dessus Roger, levant une jambe, fit un gros pet et leur dit ...
- Commentaire avant l'extrait:
- Le Baudouin (Bardawil) dont on va parler est un personnage imaginaire, né par analogie avec lesw divers Baudouin de Flandre et de Jérusalem ; ou alors le premier Baudouin est pris par erreur pour un roi d'Occident.
- Qui est
- le Roger de Sicile ici mentionné?
- Wiki Roger Ier de Sicile
- Le chroniqueur d'origine normande Geoffroi Malaterra, témoin contemporain des événements, nous dit de Roger :
« …Roger est un jeune homme de la plus grande beauté, robuste, de haute stature, de forme gracieuse, extrêmement éloquent, ayant beaucoup d'esprit et de facilité à s'exprimer (…). Toujours affable, plein de gaieté, de force et de bravoure, sachant allier à ses qualités la sagesse et la prévoyance. Il est prévoyant dans toutes ses actions, amical et joyeux avec tous ses hommes, fort et courageux, et sauvage dans la bataille (…). On ne pouvait lui reprocher qu'un désir immodéré de gloire et peut-être aussi un esprit d'insubordination qui le portait à s'entourer de ceux dont le caractère se rapprochait du sien, et à les combler de bienfaits… ».
Quelque chose me dit, le Roger de Sicile mentionné de cet Ibn-Al-Athir est quelque part aussi un personnage imaginaire. La description par Geoffroi Malaterra me paraît plus fiable que celle d'Ibn-al-Athir.
Mais, si lever une jambe et laisser un gros pet n'est pas l'habitude de la noblesse européenne chrétienne à cette époque, je me pose la question si c'était l'habitude de quelques Chrétiens du tout, qu'Ibn-al-Athir aurait pu voir?
Il me semble probable que oui, on est quasi obligé de dire "sur la tête de ma mère" ou "sur le Coran" pour convaincre un Musulman qu'on a vraiment suffisemment mangé, déjà (si par exemple on est un mendiant) et puisque les Chrétiens n'ont pas l'habitude de ces phrases, ils arrivent parfois pas à se faire comprendre là-dessus. Sous peine de trop manger, et donc de laisser des gros pets.
Notons en passant que, la phrase "par l'Évangile, voilà une bonne chose" semble être calquée, bien entendu mutatis mutandis des Musulmans qui entre eux se disent des "voilà" et des "sur le Coran" ...
J'ai eu cette nuit, partie de la nuit, le plaisir un peu douteux d'être à côté de gens qui écoutent le rap. Quand je m'étais éloigné, car un tube rap était méchant, on m'avait même proposé de m'appeler les services de secours ou Samu social ou quelque chose ...
Pertes de sommeil, ça provoque aussi une facilité à trop manger, donc enfin à laisser des gros pets ... donc, si le détail n'est pas génuine pour Roger de Hauteville, il pourrait bien l'avoir été pour un pauvre Dhimmi se trouvant chez les Musulmans.
Avec des trucs comme ça dans leur propre historiographie, je comprends un peu mieux pourquoi ils ont une méfiance assez grande envers l'histoire en général. Dommage.
Hans Georg Lundahl
BU de Nanterre
St Joseph de Cupertin
18.IX.2018
* Source : Chroniques arabes des Croisades. textes recueillis et présentés par Francesco Gabrieli. traduits de l'italien par Viviana Pâques. Sindbad, Actes Sud. J'avais trouvé le même texte avec le même gros pet dans une édition Que Sais-je? Les Croisades vues par les Musulmans.
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