Saturday, July 7, 2018

Newman sur l'avant le Concile de Nicée - et le pendant et l'après


Le converti et cardinal John Henry Newman, avant de devenir catholique, était Anglican.

Déjà pendant cette période, il va écrire un livre qui va préparer sa conversion:

Arians of the Fourth Century
John Henry Newman
http://www.newmanreader.org/works/arians/index.html


Amazon : The Arians of the Fourth Century
Paperback – September 12, 2013 by John Henry Newman (Author)
https://www.amazon.com/Arians-Fourth-Century-Henry-Newman/dp/1230240667


Je pourrais revérifier un peu, car c'est avant de quitter la Suède que je l'ai lu. Et ça fait 14 ans que je ne suis pas allé en Suède.

Ce dont je me souviens, sans problème, c'est la ligne générale:

  • l'église primitive continue bien-sûr après les Apôtres (en cessant d'être qualifiable strictu sensu de "primitive"), ayant sa doctrine par les livres de la Bible et par la succession des évêques,
  • se voit confronté avec une novation simplificatrice, la négation de la distinction réelle entre les trois personnes
  • ce qui est prêché par un Sabellius que l'église condamne bien avant Nicée
  • et la condamnation de Sabellius est reprise en forme exagérée par un Paul de Samosate, aussi condamné avant Nicée
  • et l'église devient légale en Empire romain
  • et en Alexandria, l'évêque Alexandre et son alors Diacre Athanase se voient confrontés avec un Arius, qui reprend la doctrine déjà condamnée de Paul de Samosate
  • Constantin convoque un concile par tout l'empire qui condamne donc en forme un peu plus solennelle qu'avant les erreurs de Paul de Samosate et d'Arius
  • et pour l'instant, l'orthodoxie a gagné, mais ...
  • Constantin meurt, ses fils sont mécontents, pas seulement l'arianisme est relégalisé, mais l'orthodoxie est délégalisé, sous prétexte de fanatisme, et St. Athanase, devenu évêque après Alexandre, est remplacé par l'intrus Georges, doit continuer en clandestin, est exilé à Trèves (49° 45′ 35″ nord, 6° 38′ 38″ est, ville natale de Karl Marx, en Allemagne actuelle - ce qui prouve une romanité pour la nationalité germanique, dans ces région frontalières), divers d'autres reprennent la lutte contre l'arianisme aussi, dont certains sont aussi persécutés, certains diffèrent sur le combien on doit condamner en l'arianisme (Lucifer étant un hardliner et les homoïousiens étant considérés par St. Athanase comme voulant dire la même chose, par lui sont considérés comme Ariens - certains seront plus tard pères de l'église), certains d'autres cèdent à la pression (pape Libère, Hosius de Cordoue), malgré une orthodoxie personnelle,
  • et enfin après Julien l'Apostat et un nouvel Empereur catholique, les choses reviennent en ordre, dans le deuxième concile général, celui qui était le premier à Constantinople.


Après de vérifier un peu du texte en ligne, il semble que l'église d'Antioche (d'où était Paul de Samosate et d'où sera plus tard Nestorius) et les Juifs avaient de quoi à faire avec les erreurs pré-ariens et ariens. Et - ce que j'avais totalement oublié - le Montanisme et le Gnosticisme avec le Sabellianisme.

Il y a une histoire très bien documentée, on peut à la limite être en discorde avec tel ou tel détail, ou comment interpréter telle ou telle partie communément admise, et dans cette histoire, il n'y a pas de trace d'une certaine idiotie, selon laquelle le Christianisme aurait au début reconnu Jésus-Christ comme simple prophète, comme simplement un homme inspiré par Dieu et ensuite l'idée de sa divinité serait imposée par politique sur le concile de Nicée, venant de nulle part. Au contraire, les Ariens aussi reconnaissaient Jésus-Christ comme beaucoup plus qu'un simple prophète, comme la première créature, créé avant que Dieu crée tout le reste (avec lui, probablement).

Arius, très au contraire, ne semble pas avoir pleinement reconnu l'humanité de Notre Seigneur. St Thomas d'Aquin dit en III Pars, Q5, A3, début du corpus:

I answer that, As Augustine says (De Haeres. 69,55), it was first of all the opinion of Arius and then of Apollinaris that the Son of God assumed only flesh, without a soul, holding that the Word took the place of a soul to the body. And consequently it followed that there were not two natures in Christ, but only one; for from a soul and body one human nature is constituted. But this opinion cannot hold


Ou plutôt il dit:

Respondeo dicendum quod, sicut Augustinus dicit, in libro de haeresibus, opinio primo fuit Arii, et postea Apollinaris, quod filius Dei solam carnem assumpserit, absque anima, ponentes quod verbum fuerit carni loco animae. Ex quo sequebatur quod in Christo non fuerunt duae naturae, sed una tantum, ex anima enim et carne una natura humana constituitur. Sed haec positio stare non potest,


Ce que je pourrais traduire comme: je réponds qu'on doit dire que, comme le dit Augustine dans le livre sur les hérésies, l'opinion fut d'abord celle d'Arius et ensuite celle d'Apollinaire, que le Fils de Dieu prit seulement la chair, sans l'âme, posant que pour la chair le Verbe était en lieu d'âme. De quoi suivrait que dans le Christ il n'y avait pas deux natures, mais une seulement, car d'âme et de chair une nature humaine est constituée. Mais cette opinion ne peut pas rester debout ... Et ensuite, il donne trois raisons contre Arius. Le point est donc, Arius n'était absolument pas quelqu'un qui prenait le Christ comme un homme ayant une grâce spéciale de Dieu, il le prenait pour quelque chose comme la première créature. La conscience qui habitait le corps de Notre Seigneur n'aurait même pas compris une âme normale, mais été uniquement cet être "presque éternel" qu'Arius voulait au lieu d'un Fils parfaitement coéternel avec le Père.

Pour nous, cette personne comporte deux consciences, celle qu'Il a de toute éternité, celle qui débute dans le sein de la Vierge. En restant une même personne.

Franchement, la formule de Nicée n'ajoute pas sensiblement pour un lecteur très superficielle à ce qu'Arius disait, elle est plus compliqué, ce n'aurait pas été génial de l'inventer pour des raisons politiques, et de fait, la politique va l'opposer, d'abord sous Constantin II (Occident), Constant Ier (Centre), Constance II (Orient) qui favorisèrent l'Arianisme, ensuite par Julien qui favorisait un retour au paganisme (pas de bol, pour lui, la littérature païenne était Homère et Virgile, la philosophie par contre très différente de leurs croyances, ou réellement celles d'Homère ... et trop de gens étaient déjà Chrétiens) et encore une fois la politique des Visigoths, en moindre mesure aussi Ostrogoths et Burgondiens, en mesure acerbée la politique des Vandales va persécuter le Catholicisme. De ça, par contre, Newman ne traite pas, au-delà de Julien et du Concile de Constantinople.

Mais on espère que personne aurait sérieusement prétendu le contraire ... non?

Hans Georg Lundahl
Cergy
Sts Cyrille et Méthode
7.VII.2018

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