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Nous n'avons pas des témoins vivants, comme pour la Deuxième Guerre Mondiale ou récemment pour la Première aussi:
Libération : Lazare Ponticelli, le témoignage du dernier poilu
Par Marc QUATTROCIOCCHI et Johana SABROUX — 5 août 2014 à 12:00
http://www.liberation.fr/societe/2014/08/05/lazare-ponticelli-le-temoignage-du-dernier-poilu_1075743
Comment, alors?
Prenons par exemple les actes de guerre. Supposons que nous étudions un texte sur la Battaille de Normandie, en "D-Day". Est-ce qu'on aurait pu écrire un faux texte avec des chevaux et des épées ou arcs et flèches? Non. Tout le monde sait que ces modes de bataille étaient démodées en ce temps là, la dernière bataille en Europe à se dérouler avec cavalarie étant quelques ans juste avant la cavalerie polonaise qui perd contre les tanks allemands en 1939.
Et pouvons nous croire que le texte ne soit pas vrai, qu'on l'ai faussé? Non plus, on a des vivants qui ont encore la mémoire que ces choses se sont passées. Et on a d'autres textes qui disent la même chose, et aucun qui dit le contraire, que les Allemands aient soutenu et qu'ils aient été victorieux, à moins qu'il s'agit des romans de "l'histoire alternative".
Donc, on pourra un jour même sans les témoins encore savoir que les Allemands aient perdu en Normandie 1944.
Le pourra-t-on vraiment? Ne pourra-t-on pas mettre en doute ces textes une fois que les témoins sont morts?
Non, pas vraiment, car on saura que les textes étaient déjà là avant cette situation, que ça aura été assez difficile de les changer après les Lazare Ponticelli de la II Guerre Mondiale.
Et de même pour les fusillades le 26 mars 1962, on ne pourra pas vraiment prétendre que la fusillade n'aura pas eu lieu, même pas après que les derniers témoins soient morts.
Donc, on a ce même genre de sécurité pour le passé aussi.
Certaines choses ont à l'époque qu'ils se passaient été trop bien vérifiées pour avoir été en doute. Et ils ne deviennent pas douteux après non plus, à moins de vérifier un moment donné quand une tradition ait pu naître du néant, de la pure invention : comme le passé des Franc-Maçons entre Hiram Abbiff et la loge d'Anderson en 1717, comme les Américains qui vivent le "Troisième Testament" qu'est le livre de Mormon.
L'un a très bien pu être inventé par la loge d'Anderson, et l'autre de Joseph Smith, comme romancier, un peu comparable avec Tolkien en Silmarillion, sauf que le professeur anglais ne prétend pas qu'il s'agisse de faits.
Pareil pour les choses à croire. Si un homme du futur lira Darwin, Dawkins et Henry M. Morris et Kent Hovind, il pourra savoir que dans le XXe Siècle il a eu un débat entre évolutionnistes et créationnistes, et que pendant au moins la seconde moitié du siècle en Occident les évolutionnistes étaient majoritaires.
Darwin écrit comme proposant une nouveauté, mais il est bien avant les autres. Dawkins écrit comme en défense de cette nouveauté. Morris et Hovind écrivent comme attaqueurs de cette nouveauté. Et attaqueurs qui savent que cette nouveauté est déjà acceptée par le grand public. On peut des écrits d'un homme conclure ce qu'il croyait et aussi comment il savait que ses contemporains se positionnaient vis-à-vis ça.
Donc, pareil pour le Moyen Âge. On peut savoir que l'idée que l'Univers était éternel comme Dieu était connue en 1276, et qu'elle était condamnée par l'évêque Étienne II Tempier de Paris. On peut également savoir que St. Thomas d'Aquin croyait cette idée de fait erronée, mais ceci ne pouvait qu'être cru par la Bible qui dit "au commencement", car Dieu aurait également pu choisir de créer pendant une éternité sans début ni fin. Et on peut savoir que St. Bonaventure n'était pas d'accord, qu'il pensait que la nature même du temps impliquait qu'il avait un début, comme les nombres débutent en 1. Qu'on pouvait donc prouver que le monde n'était pas éternel.
Donc, quand je dis que la bataille de Hastings fut une conquête par les Normands en Angleterre sous Guillaume de la Falaise contre Harold Godwinson, ou que Boèce de Dacie prétendait le monde éternel, il ne s'agit pas de reconstructions (ni même pour cette deuxième chose, car il y a encore contrairement à ce que j'imaginais, le De aeternitate mundi, in Boethii Daci Opera, VI.2, 1976, p. 333-366), il s'agit de faits historiques sachables à peu près comme nous savons le passé récent.
Comparer la connaissance historique de l'histoire à la "connaissance" du passé pratiqué par la reconstruction évolutionniste (par exemple des dizaines de milliers d'années du paléolithique, avec des outils en pierre uniquement, ou bois ou corne, de l'économie incomplète et de l'art assez extraordinaires dans leur conservatisme par rapport à la réalité que nous connaissons de l'histoire) est erronée. La "science" ne peut pas nous donner une certitude sur le passée pareille à l'histoire. À moins qu'il s'agisse de choses qui restent toujours pareils. En 1401, l'Angleterre était fort plus intolérant vis-à-vis les Lollards que de nos jours, mais l'eau a bouilli à 100° C et les midis ont été distants de 24 heures, comme maintenant.
Et les masques en tête d'oiseau des docteurs qui s'occupaient de la peste ont dû fonctionner pas grâce à la théorie alors à la mode, que la peste se transmettait par mauvais odeurs, mais grâce aux mêmes choses qui rendent les masques d'hygiène de nos jours une protection : l'air passe, les bactéries non.
Hans Georg Lundahl
BU de Nanterre
Ste Julienne Falconieri
19.VI.2017
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