Les cathares, par exemple, qui prônent un retour aux vraies valeurs de l'Eglise (en particulier la pauvreté), ont des croyances différentes : selon eux il y a deux Dieux, un qui a créé les âmes et un qui a créé la matière. Ce dualisme est en opposition avec le monothéisme de l'Eglise qui les considère comme des hérétiques et lutte contre leur influence.*
Prônent-ils la valeur de la pauvreté, vraiment ?
Ils prônent le culte de personnes, centré sur des perfecti, dont un des devoirs est effectivement la pauvreté.
Mais si la pauvreté est une valeur de l’église, elle n’est pas la seule. En d’autres respects, les cathares prônent le tout contraire des valeurs de l’église, qu’elle n’a jamais abandonné. Nous n’avons pas de doute que les Sept Sacrements sont une valeur génuine de l’église depuis le début – et les Cathares les attaquent.
Nous n’avons pas de doute que si pour église comme pour cathares le célibat abstinent de la sexualité est préférable, la motivation n’est pas une valeur commune.
Pour l’église, le mariage est quasiment un pis-aller si on a des difficultés d’être célibataire. Pour les cathares, la mariage (entre homme et femme et donc aussi, au moins en intention fertile) c'est le pire du pire. Pour les cathares, la sodomie est un pis-aller acceptable pour ceux qui ne peuvent pas être célibataires et autrement perfecti, mais pour l’église, la sodomie est le pire du pire. Et les valeurs de l’église n’avaient pas changé depuis les temps de Jésus-Christ et des Apôtres la-dessus. Loin d’être une revitalisation des vraies valeurs de l’église, le catharisme était une revitalisation des valeurs des gnostiques et surtout des Manichéens. Effectivement, St Thomas d’Aquin, un frère mendiant et prêtre dominicain, quand il pense sur le problème des Cathares, il les appelle surtout Manichéens. Car il avait lu St Augustin, qui s’était converti au Catholicisme de la Secte Manichéenne. Et ceux-ci n’étaient pas trop différents des Gnostiques que St Jean exsécrait. Il est narré que tel jour St Jean se rende compte que le Gnostique Cérinthe est dans le même bain que lui, et il fuit du bain pour ne pas être avec Cérinthe.
Et si l’admiration pour le célibat pouvait sembler identique, vu ce que les uns et les autres considéraient comme un pis-aller comme il faut et d’autre part comme le pire du pire, la valeur qui était exprimé dans l’admiration pour le célibat ne pouvait pas être la même. Car la valeur sur le domaine sexuel s’exprimait dans les deux cas aussi dans les considérations contraires sur mariage et sur sodomie. Donc, si tel phénomène pouvait sembler identique, ce n’était qu’à première vue. On s’avait de suite que ce n’était pas la même chose. Comme on sait de nos jours qu’un moîne Bouddhiste et un Skin, ce n’est pas la même chose, même si les deux prônent le crâne rasé.
Et si on veut, le perfectus Cathare était plus proche du moine Bouddhiste que du moine ou frère mendiant Catholique. Car, pour le Bouddhiste comme pour le Cathare, cette vie était un résultat des péchés dans les existences ou dans l’existence antérieure(s). et le salut était d’éviter la réincarnation. Pour le Catholique, la vie est d’abord un cadeau de Dieu, ensuite empoisonné par le péché d’Adam, après ça il y a une sanation par la Souffrance et la Résurrection du Christ, et pour les moines ou moniales comme pour les mariés, c’est possible d’aller au ciel.
Vue cette différence de valeur entre les uns et les autres dans le domaine sexuel, qu’en est-il avec la pauvreté ?
Pour le Cathare, la possession des biens est en soi un piège. Le mal dedans n’est pas accessoire et un résultat du chute, mais essentiel. Donc, pour celui qui n’était pas perfectus, comme pour la sexualité il n’était pas tenu à la décence, pour la possession, je ne sais pas s’il était tenu à l’honnêteté même. Surtout, il n’y a pas eu pour eux la perspective que l’argent doit servir l’humanité – au possesseur et aux siens d’abord, mais aussi aux mendiants et aux autres impliqués dans le négoce. Ce sont des Dominicains et non pas les Cathares qui prêchent contre l’usure, contre le fait de prendre 105€ en retour après avoir prêté 100€ à qqn avant, juste pour le fait du prêt et le lapse du temps. Et ainsi pour la paix, les Cathares avaient des perfecti qui pratiquaient personnellement la non-violence, mais ils n’avaient pas une perspective de ce que veut dire une paix sociale – à la différence des Chrétiens. Ce que nous savons sur les coutumes paisibles dans la guerre, comme la trêve de Dieu (entre autres choses établie pour négocier les paix entre les belligérants), nous le savons de l’église Catholique et non des Cathares.
Car, pour les Cathares, ce serait le mauvais Dieu qui aurait créé la matière, donc aussi le corps humain, donc aussi le mariage et la fertilité, donc aussi la société et ses coutumes paisibles.
La croisade contre les Cathares était en son temps quelque part comme la Guerre contre l’État Islamique de nos jours (les croisades contre les Sarracènes en Orient et en Espagne, évidemment encore davantage ça – et là aussi il y a eu des populations musulmanes vivantes en paix avec la Chrétienté.) Mais la différence : on ne rêvait pas de faire des intégristes catholiques une victime collatérale.
Hans Georg Lundahl
BU de Nanterre
Martyrs de Cordoue
Sts Rodrigue et Salomon, prêtres
13-III-2015
* Cité depuis kartable : Histoire 2nde : La chrétienté médiévale (XIe - XIIIe siècles)
http://www.kartable.fr/seconde/histoire/1237/cours/la-chretiente-medievale-xie-xiiie-siecles,203014
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