Sunday, September 8, 2019

Le préjugé pas limité à Malet-Isaac


Malet-Isaac et la Prusse · Le préjugé pas limité à Malet-Isaac

Je viens de lire Camarades du Front par Sven Hassel. Un certain Mouritz était mal-aimé, car plus ou moins piétiste, puritain, et ainsi de suite, mais on lui faisait un autre reproche aussi. "Le Judas Tchèque qui s'est vendu à Hitler."

En Irlande, la principale frontière ethnique entre Anglais d'Irlande, Écossais d'Ulster et Irlandais, ce n'était pas la langue, mais la religion. Si un homme disait qu'il était Irlandais, il ne voulait pas forcément dire qu'il parlait Gaélique, ou que ceci était sa langue maternelle, mais qu'il était Catholique d'une famille catholique. Une population à la fois indigène et dépriviligié pendant des siècles.

Par contre, en Tchéquie, que ce soit Bohème ou Moravie, se dire Tchèque parlait de la langue maternelle et se dire Allemand aussi. Certes, les Allemands étaient privilégiés, surtout dans les villes comme Prague, mais on pouvait sans trahison devenir Allemand, simplement en apprenant l'allemand. Comme un Irlandais pouvait très simplement avoir certains avantages en apprenant l'anglais, une certaine époque.

Donc, la présence d'Allemands sur le sol Tchèque n'est pas le fait d'une invasion, c'est le fait d'une assimilation avec la bourgeoisie de Prague, qui, certes, débutes comme immigrés allemands, car ce sont les Allemands qui savent faire la ville. Une grande souche des Allemands en Tchéquie était donc des Tchèques devenus germanophones. Parmi les deux langues, on avait les deux religions, Catholiques et Protestants, depuis que la Guerre de Trente Ans avait abouti à des solutions paisibles.

On ne trahissait ni sa religion, ni sa patrie en se faisant Allemand.

La situation était assez pareille en Slovaquie, sauf que là, la population était quasi entièrement des Catholiques.

Et la politique qui changea ceci, c'était un membre du Parti national social tchèque, Edvard Beneš, et un peu avant, un Tomáš Garrigue Masaryk, qui avaient prôné le Tchécoslovaquisme. Dans la alors Tchécoslovaquie, les populations étaient 51 % Tchèques, 16 % Slovakes, 22 % Allemands, 5 % Hongrois, 4 % Rusyns (Ukrainiens occidentaux), et, le Tchécoslovaquisme voulait considérer les Tchéques et les Slovaques comme un seul peuple, et les autres nations comme quasiment des invahisseurs des temps Austro-Hongriens et avant au Saint Empire.

Cette vision était largement ahistorique, si c'était vrai, comment un Ottokar II avait-il pu s'obfusquer de ne pas devenir roi des Allemands, Empereur romain élu? Mais, précisément, les Tchèques et les Allemands en Bohème n'étaient pas deux loyautés en compétition, mais deux "vitesses" sociales d'une même peuple.

Mouritz n'était pas un traître, il était loyal aux temps quand l'Allemand était un bon Bohème, à même tître que le Tchèque.

Ce n'est même pas sûr, de ce que j'ai lu de lui (je n'ai pas lu les autres volumes de Sven Hassel), qu'il était Tchèque plutôt que Sudet-Allemand. Il pouvait être l'un ou l'autre ou parfaitement bilingue.

Et contrairement à ce qui se passait en Prusse, la Bohème n'avait jamais été conquis par des Allemands, il n'y avait jamais eu des massacres de Tchèques, la Bohème avait choisi de s'associer à l'Empire, comme le Texas aux États-Unis, avec moins de conflit.

Hans Georg Lundahl
Paris XI
XIII Dimanche après Pentecôte
et Nativité de la Sainte Vierge
8.IX.2019

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