En réponse à un site Protestant. Duquel sont données les citations du verset qui ne sont ni en grec, latin ou ma propre traduction, ni de Crampon.
Voici ce message blog:
Les anciens : élus par les assemblées ? Désignés par les apotres ?
https://bereenne.wordpress.com/2016/11/01/les-anciens-sont-ils-elus-par-les-assemblees-entieres/
- Text grècque, Nestlé Aland:
- [Actes 14:]
- 23 χειροτονήσαντες δὲ αὐτοῖς κατ’ ἐκκλησίαν πρεσβυτέρους, προσευξάμενοι μετὰ νηστειῶν παρέθεντο αὐτοὺς τῷ κυρίῳ εἰς ὃν πεπιστεύκεισαν.
- Ma traduction
- et ayant pour eux ordiné-par-imposition-des-mains des prêtres en chaque église-diocèse, ayant prié avec des jeûnes (?) et confiaient eux au Seigneur en Lequel ils avaient cru
(ouf, mon grec ancien est vraiment rouillé!)
- Vulgate:
- [Actes 14:]
- [22] Et cum constituissent illis per singulas ecclesias presbyteros, et orassent cum jejunationibus, commendaverunt eos Domino, in quem crediderunt.
- Ma traduction
- et après qu'ils avaient constitué pour eux en chaque église-diocèse des prêtres, et prié avec jeûnes, ils les confiaient au Seigneur en Lequel ils ont cru.
[avaient = crediderant, et le texte a crediderunt]
(ouf, plus aisé que le grec!)
- Crampon:
- [Actes 14:]
- 22 Ils instituèrent des Anciens dans chaque Eglise, après avoir prié et jeûné, et les recommandèrent au Seigneur, en qui ils avaient cru.
- Douay Rheims:
- [Actes 14:]
- [22] And when they had ordained to them priests in every church, and had prayed with fasting, they commended them to the Lord, in whom they believed.
[le texte anglais introduit l'idée plus exacte d'ordination d'après le mot grec pour imposition-des-mains]
- Les citations suivantes
- sont donc du message blog, auquel je donnai un lien, et probablement le verset n'est pas cité en entier, mais la partie pertinente - je ne cite pas le groupe de traductions protestantes ou œcuméniques qui s'accordent mieux avec la traduction Crampon.
- Semeur :
- Actes 14:23 ils firent élire des responsables, à main levée
- Martin
- Actes 14:23 par l’avis des assemblées ils eurent établi des Anciens
- Segond 1910 :
- Actes 14:23 Ils firent nommer des anciens dans chaque Église
- Stapfer 1889
- Actes 14:23 Ils firent nommer des Anciens dans chaque Église
Il semble que le mot cheirotonein a un autre sens dans le grec classique, profane, d'élection-par-levée-des-mains.
Notons que ceci exige de prendre χειροτονήσαντες comme "faire élire par levée de mains" plutôt que comme "élire par levée de mains". Ce qui est un usage possible, mais pas le primaire. Si les apôtres avaient eux-mêmes élus les presbytres, à quoi bon procéder à une levée de mains? Mais, nonobstant, levée des mains a été la connotiation retenu par certains Protestants.
Néanmoins, nous avons par la tradition depuis les débuts de l'église, car immémoriale, que dans le contexte des presbytres ici évoqués, des prêtres ou selon certains même des évêques (le Nouveau Testament aurait utilisé "presbyteros" pour évêque et "episcopos" pour simple prêtre, la terminologie se serait inverti après, ce qui explique pourquoi St Jean, certes un évêque, pas juste un simple prêtre, appelle certains ses "syn-presbyteroi"), cheirotonein veut dire ordiner-par-imposition-des-mains.
Comme nous savons aussi par la tradition que le mot Église est davantage une société parfaite - un état pour ainsi dire - qu'une simple congrégation privée, cette fois communément avec l'usage classique.
Vous savez que des clubs ont leur présidents? Que le président d'un club s'appelle en anglais soit "president", soit "chairman"?
Néanmoins, par la tradition des États Unis, nous croyons que les Présidents étaient déjà au temps de Georges Washington des rois électifs à mandat limité à quatre ans, et non des présidents de salons, des chairmen.
Nonobstant que certains clubs à cette époque ont dû appeler leur "chairman" encore "president". Depuis cet usage a été éliminé pour éviter confusion avec la fonction publique.
Comme nous savons aussi par tradition que la lettre A (en majuscule un triangle avec deux points en bas et les jambes prolongées en dessous de la base, en minuscules une autre forme considérée équivalente par convention celle aussi traditionnelle) est un signe pour le son A (le son vocalique avec la bouche la plus ouverte, au moins dans la plupart des langues).
Il est erroné de faire une reconstruction des significations des mots en contrariété avec l'usage traditionnel de l'église.
Notons aussi, la perpétuité de l'Église ne passe pas par le fait que les Albigeois auraient élu leurs clergé par levée de mains, comme ça pourrait être souhaité par ceux qui voient l'Église primitive dans ou par un nuage de protestantisme, car ils utilisaient eux aussi une imposition des mains, certes pas de bonne manière, certes pas comme sacrement valide, mais en donnant au mot "cheirotonein" un sens sacral plutôt que de votes. Un vasselage ou une propagation spirituelle plutôt que la levée de mains des assemblées démocratiques.
Et faire remonter les Vaudois de leur côté aux temps d'avant Constantin, ça serait moins possible maintenant qu'à l'époque des inquisiteurs, qui n'étaient pas trop grands historiens (juste meilleurs que leurs clientèle).
C'est une chose d'avoir une tradition disant "nous remontons à l'église primitive" (et une telle tradition est plus facile à frauder dans une société sécrète comme l'étaient les sectes préprotestantes face à l'inquisition, surtout après que les premiers débuts avaient abouti à très peu sauf aux ou à parmi les prémiers bûchers et qui étaient lynchages probablement parce que n'ayant pas cette fausse tradition - elle pourrait aussi remonter comme simple copie collée de la tradition catholique, dans laquelle cette affirmation est vraie), et une autre chose de prouver par ses traditions qu'on a effectivement des traditions de chaque siècle depuis l'église primitive, sur tel Augustin de Hippone ou sur tel autre Augustin de Cantorbéry, sur telle conversion des Irlandais et telle autre des Anglo-Saxons. Telle conversion par un missionnaire lié à un monastère, telle autre conversion par un missionnaire lié à la papauté.
Donc, le fait que la tradition peut être contrefaite ne contredit pas qu'elle demeure le critère le plus fiable.
Mais évidemment, il y a un problème dans la solution, autrement les Protestants mêmes n'auraient pas cherché une autre.
Si les Apôtres élirent et ordinèrent des prêtres, qui avait ce pouvoir après le décès du dernier apôtre, qui se chargeait même de ça en leur vivant mais en leur absence?
La solution est là pour ça aussi, mais elle n'est pas très bienvenue parmi les Protestants : c'étaient des évêques ordinés ou consacrés par les apôtres, qui donc en sont les successeurs. Cette solution n'est pas bienvenue parmi Protestants, car elle les condamne : ils n'ont pas des évêques consacrés en ligne droite depuis les apôtres. Leur rites - dans les cas qu'on garde même le nom d'évêque, comme pour Anglicains, Luthériens, Méthodistes et Moraviens - sont considérés comme frelatés, comme incapables à conférer l'épiscopat.
Nous prenons la traditionalité des rites (et la continuité des lignés dans cette traditionalité des rites) avec tellement de sérieux que certains de nous ne considérons même pas que les nouveaux rites après Vatican II sont capables à produire des vrais évêques. André Vingt-Trois, catholique selon Vatican II, sacré en 1988 ne serait donc pas un évêque, pas non plus que Landesbischoff Friedrich Otto Coch, luthérien (et "chrétien allemand" ou national-socialiste), installé en 1933 dans une "église" qui n'avait déjà pas d'évêques depuis sa séparation des diocèses de Dresde et Meissen suite au prêche néfaste de Luther.
Hans Georg Lundahl
BU de Nanterre
St Philippe d'Alexandrie
13.IX.2017
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