Le Problème d'Édouard le Roy: Aquin ou Bergson, partie I · partie II
Continuons notre lecture du philosophe connu sous le nom Édouard le Roy. Il essaie quand à lui de déconstruire la prima via. Moi, je m'efforce par contre de soutenir la prima via et les autres choses de saint Thomas et de corriger les erreurs soit grammaticales dans sa lecture même, soit philosophiques dans la critique tant qu'elle vise ce que dit vraiment saint Thomas. Et puisque la première partie a été coupé dans le milieu d'une phrase Royale, citons ce qui a déjà été répondu aussi, le mettant entre [parenthèses carrées]:
"[Revenons au texte de saint Thomas. On y parle du mouvement comme de "quelque chose" qui se donne et se reçoit, qui passe d'un corps à l'autre et se transmet en tout ou en partie,] bref comme d'un accident qui s'ajoute à des substances en elles-mêmes immobiles. ..."
Le mouvement tout en étant un accident de la substance (comme ce entre quoi la substance est mue) l'est évidemment d'une substance mobile, et non immobile. Quand on fait dans un roman une description quasi poëtique d'un homme qui refuse de se lever de sa chaise, on peut le qualifier soit d'immobile, soit d'inerte, mais quand on fait de la philosophie, les mots immobile et inert ne se valent nullement. Et si Édouard était un philosophe il avait le devoir de le savoir. La pierre qu'on jette est inerte dans le sens que ce n'est pas elle-même qui se jette, elle n'a qu'un mouvement naturel pour lequel elle n'a pas besoin d'une impulsion, mais juste de passage libéré: en bas. Comme le feu aussi a une direction naturelle: en haut. Mais la pierre ne va pas se jeter en haut ou à travers un espace de dimansion plutôt horiziontale et le feu non plus (qu'il se répand à l'horizontale n'est pas une question de mouvement local mais de l'attirance d'un objet potentiellement enflammé envers l'état actuellement enflammé par un autre objet déjà actuellement enflammé, autre partie de l'analyse thomiste: pour la pierre jetée, il ne s'agit pas d'être attiré vers un endroit à gauche par un bras déjà là, mais de se mettre en mouvement rapide à gauche par un bras déjà en mouvement rapide à gauche). Les objets ne sont pas inertes dans le sens qu'ils ne bougent pas, mais que ce n'est pas d'eux-mêmes qu'ils bougent. Ils ne sont pas, la plupart du temps, immobiles, ni dans l'espace ni dans leurs qualités, et saint Thomas ne les qualifie pas non plus comme tels.
Mais que c'est bien le livre qui est une chose et son mouvement de mon sein à la table qui en est un accident, en termes thomistes une passion à laquelle correspond mon action de le mettre à la table, qui en doute? Qui prétend que c'est le mouvement d'un livre mis de sein à table qui existe en soi et que ce soit juste une forme accidentelle de traverser cet homme avec son sein, ce livre et cette table? Je crois plutôt que saint Thomas garde raison, que c'est moi, la table et le livre qui sont les substances.
Je cite ici un passage avec sa note en bas de page ensemble:
"On introduit donc, par le langage même qu'on emploie, comme support nécessaire du mouvement, une chose, un noyau, un substrat.
"Nouvel exemple des conséquences qu'entraine parfois subrepticement le simple fait que certaines réalités, qui pourtant ne sont pas des choses ne laissent pas néanmoins d'être désignés par des substantifs."
Substance couvre à la fois chose, être vivant et personne. Tout ceci a donc une bonne raison d'être désigné par des substantifs. Est-ce moi qui n'est pas une personne? Est-ce le livre ou la table qui ne sont pas des choses? Ou est-ce que la réalité que je viens de mettre le livre sur la table pourrait dispenser de moi, du livre ou de la table? Est-ce que cette réalité pourrait sans absurdité être réduite à "mettre" + "sur" sans un qui quecesoit qui metterait un quoi quecesoit sur un autre quoi quecesoit? Biensûr que non. Encore une plainte non fondé de la part d'Édouard du fait que l'Aquinat ... a raison.
Que le Roy veuille parler du livre, de moi et de la table comme des noyaux ou des substrats, soit. Substance est une assez bonne description traditionnelle pour chose-ou-personne-ou-être-vivant. Mais ce qui est grave c'est qu'il semble prétendre en son for intérieur que ces "noyaux", ces "substrats", bref ces substances soient dispensibles pour qu'il puisse y avoir un "mettre" et un "sur". Un peu comme la sourire du chat de Cheshire dans un livre onirique de Lewis Carrol [déjà évoqué]. Quand Walt Disney a voulu montrer cette sourire qui demeure sans le chat qui sourit, il montre en image au moins les dents découpés par une silhouette définie par les lèvres qui manquent. Façon de satiriser, sans doute, le concept assez nouveau à son époque d'un "mouvement sans substrat" ou d'un "état sans substrat".
Quand on parle du saint Sacrement il y a tellement de gens qui nous veulent dire que ce n'est pas possible même comme un miracle, mais dans un autre contexte, comme les preuves de l'existence de Dieu, et "la théorie" (plutôt que les simples observations) de saint Thomas sur le mouvement, alors, ça devient chose non seulement possible à tître miraculeux, mais à tître du normal. Juste pour le malin petit plaisir de contredire encore une fois saint Thomas d'Aquin.
Un peu comme certains disent une fois que le bon Dieu n'aurait pas pu créer un Narnia même s'il avait voulu, et ensuite se retournent et disent que tous les cosmes nouvelles surgissent spontanément dans les autres.
On peut dire, et on aura très bien raison, de dire que dans le mouvement il donne juste le point de départ et le point d'arrivée pour l'objet, entre ses lieux et ses états, et aussi l'objet mu avec la cause motrice distincte. C'est comme un scientifique qui donne un diagramme:
(à lire comme: "de l'état ou de la position a jusqu'à l'état ou la position b")
avant d'ajouter - non pas en prima via parce que tellement va-de-soi mais ailleurs où le Roy l'a trouvé - qu'alors il y a toujours un sujet ou objet impliqué:
(à lire comme: "l'objet va de l'état ou de la position a jusqu'à l'état ou la position b")
avant d'ajouter qu'il y a là toujours une causalité du mouvement, à partir d'un autre objet ou sujet, un moteur:
(à lire comme: "le moteur A fait bouger l'objet B de son état ou sa position a jusqu'à son état ou sa position b").
Jamais le moteur et le mu ne sont strictement identique, par totalité du même objet:
Quand moteur et mu sont dans le même sujet, il y a toujours partie qui meut autre partie, parfois tour à tour, comme le jambe sur le sol propulse le torse avec la jambe qui est en haut quand on marche, et ensuite l'autre jambe.
Et ensuite de faire remarquer que quand ceci se trouve:
toujours Ba est en puissance à devenir ou arriver à Bb (donc: ni déjà là avant le mouvement, ni en impossibilité d'y arriver)
et
jamais A n'est lui-même en même temps en train de faire le même parcours identique d'un état ou d'une position a jusqu'à un état ou une position b.
Il précise qu'il y a deux cas:
(à lire comme "soit le moteur est lui-même immobile ...")
ii A(c -> d) --> B(a -> b)
(à lire comme: " ... soit le moteur est lui-même mu.")
Mais le cas ii est un parallèle à 2 qui implique 3:
(à lire comme: "et si le moteur est lui-même mu, il est mu par un autre moteur")
Et le cas iii est lui-même sousdivisibles en C(e=e) = i ou C(e -> f) = ii. (Ou: "qui à son tour est soit immobile, soit mu par un autre moteur").
Et le point est que l'infini dans la regression des causes simultanées du mouvement ne pourra jamais être réellement atteint, car - ce que nous enseigne saint Thomas à propos les divers significations de l'infini en passant, quand il parle de l'infinité de Dieu - dans les maths l'infini n'est pas un infini réel ou actuel, mais toujours un infini potentiel, qui s'arrête concrètement quelque part, ne fût-ce par le fatigue ou la paresse du mathématicien. Ou plutôt, on n'arrive nul part s'il y a l'infini à traverser avant d'arriver. Donc, une série infini du type ii n'est pas possible, mais uniquement une série finie, dont la fin principale, c'est à dire le "début" ou plutôt la source du mouvement est une cause qui n'est pas en mouvement:
Donc, chaque mouvement implique l'efficacité motrice et donc l'existance d'un premier moteur.
Précisons que la secunda via ne fait que généraliser l'argument pour le cas que la causalité ne soit pas une causalité motrice uniquement mais également une causalité conservante:
implique:
Mais il y a deux cas pour la cause, qu'elle soit mouvante ou stabilisante:
ii -->A --> B(a -> b) / B(a=a)
On le reconnait, non? Ce deuxième cas implique encore:
Mais iii est une parallèle élaboré de 2 qui encore se subdivise en i ou ii. Et, quand il s'agit des causes simultanés, jamais ne pourrait se trouver le cas, que la série se prolonge ω... ii ... ii ... ii ...ω à partir de nul part comme début vers nul part comme fin. Si la terre repose sur quatre éléphants et les quatre éléphants sur une tortue, et la tortue nage dans un océan, forcément cet océan doit avoir un fonds qui donne à travers l'eau et la tortue et les éléphants la stabilité verticale à la terre.
Précisons que cette terre plate sur la tortue n'était pas la cosmologie de saint Thomas, il croyait depuis Ératosthène que la Terre est un orbe, un globe, et non pas une platitude. Je prenais juste l'exemple de la cosmologie géométriquement fausse des Hindous pour illuster que si saint Thomas aurait cru cette cosmographie, il n'aurait pas été content avec "ne pas être curieux", il aurait conclu que l'océan doive avoir un fonds qui a sa stabilité verticale en elle-même.
Notons qu'un premier moteur et un premier stabilisateur peut très bien être le même premier, puisque le premier moteur n'est pas plus mu lui-même que le premier stabilisateur. On peut donc les résumer comme première cause. D'où la secunda via.
On vient donc de voir que l'argument tient débout devant les observations les plus scientifiques qu'on puisse faire, même aujourd'hui, du mouvement et de la stabilité. On peut même diagrammaliser l'argument en faisant un diagramme pour chaque cas considéré. *facepalm de moi-même* Honte à moi, je confonds la possibilité d'exprimer un point de vue en diagrammes avec la pertinence des ces diagrammes ou de ce point de vue! (Et combien d'autres le font aussi? Combien d'évolutionistes ou d'héliocentriques?)
Bon, revenons au sérieux: je crois que le diagramme a pu aider quelqu'un de bien accoutûmé aux diagrammes de comprendre que la pensée de saint Thomas n'est pas un flou de paroles un peu semblables comme un blaha, mais une considération des cas différents pensables et avec ça un espoir bien fondé d'avoir épuisé les cas, pour prouver que chaque cas de causalité mouvante ou stabilisante présuppose un moteur non mu par le même mouvement. Il généralise ceci dans la nécessité d'arriver à un moteur non pas mu lui-même de tout.
Tel n'est malheureusement pas l'impression qu'en retire le Roy. Il a l'impression que saint Thomas méconnait le mouvement.
Citons une tirade assez subtile en philosophie, ou qui se veut telle:
"Prenons l'exemle simple du mouvement local. Que vaut à son sujet la conception statique du sens commun? [Qui est encore la conception de la science positive.] Elle conduit à confondre le trajet avec la trajectoire sous-tendue. Elle représente le mouvement comme un ordre de positions spatiales, alors que c'est essentiellement un passage."
Il me semble que le critique confond l'ordre des causes motrices, essentiellement dénombrable (fer chaud mu par marteau, marteau mu par bras, bras mu par volonté) avec l'ordre des points fictifs - je serais d'accord avec lui sur ce terme - que traverserait le marteau si on essayait de découper son trajet en points séparés. Non, la raison précise pourquoi en certains cas - non pas celui du marteau - saint Thomas parle du terminus a quo et du terminus ad quem est justement qu'il reconnait qu'entre les deux points réels il y a un continuum dans lequel il serait vain d'essayer de dénombrer les étapes. Là où il dénombre étapes, c'est dans l'autre directionalité, celle de la causalité plutôt que celle du mouvement.
Il fait pourtant une exception à cette règle. Il parle de l'impossibilité de "pertransire infinita". Il ne veut pas dire qu'il soit impossible d'aller d'un boût à un autre parce que le trajet serait théoriquement décrit comme une série infinie d'étapes fictives, genre paradoxe de Zénon, il veut dire que quand les étapes s'ajoutent réellement à l'infini on ne peut pas arriver au boût. Autrement dit: une série d'étapes réellement infini est impossible. À chaque instant depuis le début on n'a traversé qu'une portion finie des étapes. À chaque instant depuis le début donc, le trajet total reste un trajet fini.
Et ceci il prend comme métaphore pour le trajet causal plutôt que spatial, pour ou plutôt expliquer par parallèle que la série d'étapes causales, notons simultanés, non successives dans le temps, est une série finie.
Et pas après l'autre du discours de saint Thomas, le Roy ne refute pas, parce qu'il ne comprend pas, parce qu'il reduit le discours à une simplicité qui frôle la stupidité, et manque la sophistication de saint Thomas - et par là aussi le moment ou la sophistication de l'analyse philosophique devient la simplicité de la conclusion de ces analyses, de leur synthèse.
"Je renverrais alors à la critique magistrale par M. Bergson et à sa conclusion: 'le mouvement est propagation d'un état plutôt que transport d'une chose'."
Saint Thomas ne nie pas ceci. En tout mouvement considéré sauf en apparence le mouvement spatial, ce que considère saint Thomas comme mouvement est très obviement la propagation d'un état, par exemple quand une braise allume un morceau de bois sec. Même dans l'exemple du marteau du fourgeron, saint Thomas n'étappise pas le trajet du marteau, et ne précise pas si le rapport entre bras et marteau est transport ou propagation d'un état kinétique ou les deux à la fois. Ce qu'il étappise seulement est les étappes de cette propagation. Le bras en est une étappe. Le marteau le prochain.
On peut le lire:
Ou: "Le bras A cause le marteau B d'aller du repos rélatif a jusqu'au mouvement vers le bas b."
Les deux cas se resument dans la formule diagrammatique. Les deux cas se resument dans les mots exactes de saint Thomas, et je me rends compte que l'exemple du marteau ne se trouvait pas dans la prima via:
"sicut baculus non movet nisi per hoc quod est motus a manu"
"comme le bâton ne meut pas sans être mu par la main"
Des deux manières, c'est quand même la main qui meut le bâton ou le bras qui meut le marteau, et le marteau et le bâton ne se meuvent pas eux-mêmes.
Il y a pourtant des choses que le Roy a un peu mieux comprises chez saint Thomas. Il vaut la peine d'écouter ce qu'il dit dessus, même si je dis en avance que je ne serais pas d'accord avec la conclusion:
"La pensée commune s'installe dans l'immobile et tâche de capter la réalité mobile au passage; elle pose donc en somme implicitement, à titre de postulat indiscuté, que c'est l'immobilité qui est intelligible, qui est première, et que c'est le mouvement qu'il faut expliquer, par réduction à l'immobil. En cela elle manifeste son attitude utilitaire : car ce n'est qu'au point de vue de l'action pratique qu'il peut suffire de se demander de temps en temps où en est la chose qu'on étudie, ce qu'elle est devenue, afin de voir ce qu'on en pourrait tirer ou ce qu'il en faut dire. Mais une telle démarche ne convient plus pour l'œuvre de la connaissance pure, de la connaissance désinteressée. 'Avec des arrêts, si nombreux soient-ils, on ne fera jamais de la mobilité; au lieux que si l'on se donne la mobilité, on peut, par voie de diminution, en tirer par la pensée autant d'arrêts qu'on voudra.' Ainsi la vraie méthode philosophique procède à l'inverse de la pensée commune. Elle envisage le mouvement comme la réalité fondamentale et elle regarde l'immobilité au contraire comme une réalité seconde est derivée."
Dans tout ça, je ne comprends pas pourquoi le mouvement serait premièrement dans le bâton et que ce serait chose seconde et dérivée si elle est aussi mu par la main ou non.
Je soupçonne que les kantiens veulent avoir le privilège de discuter sans être criotiqués par les autres. S'ils disent que le point de vue des autres est utilitaire, mais inutile pour la philosophie, alors on se soustrait à la critique des autres. Ce que ne fait pas saint Thomas d'Aquin.
Mais acceptons pour un instant que le mouvement serait premier et les choses mues - par exemple bras et marteau ensemble - secondes, alors le mouvement coinciderait avec le primus motor ipse non motus. Ce que je soupçonne est aussi la position de pas mal scientifiques non-thomistes de nos jours.
Mais vu que c'est une position extraordinaire, jaimerais des preuves extraordinaires pour cette position. Et ceci n'en est pas, car c'est une critique d'un autre point de vue:
"Avec des arrêts, si nombreux soient-ils, on ne fera jamais de la mobilité; au lieux que si l'on se donne la mobilité, on peut, par voie de diminution, en tirer par la pensée autant d'arrêts qu'on voudra."
Bergson, Introduction à l métaphysique
D'ailleurs, déjà comme commentaire au calcul intégral, je soupçonne un peu que c'est en décomptant les arrêts que le mathématicien arrive à calculer la superficie. Et que le fait de débuter avec le mouvement - de la craie sur ... pour dessiner la courbe à analyser - est assez pédagogique comme introduction, mais inutile pour l'apprentissage et le calcul, environ comme la méthode globale en l'alphabétisation des enfants. C'est connu que Bergson étudiait le calcul infinitésimal avant de devenir philosophe.
Donc, je me pose la question très sérieusement, si ces scientifiques ne sont pas en erreur sur la nature du mouvement. Une erreur qui ne doit pas être trop dans la dimension des résultats vérifiables, mais plutôt dans celle des préjugés paradigmatiques.
Et, pour critiquer saint Thomas, le Roy s'incline avec quasiment foi aveugle devant ces scientifiques.
"La science elle-même, - bien que gardant encore dans une certaine mesure l'habitude des réifications statiques, - ne laisse pas que d'en faire pressentir à sa manière l'insuffisance. Ne résout-elle pas peu à peu en mouvements toutes les immobilités?"
Non, pas tout à fait. Si elle ôte - tant qu'elle puisse être qualifiée de scientifique dedans - la mobilité de qualité à la température et au son, c'est ainsi qu'elle donne la mobilité kinétique aux mêmes phénomènes. Et la mobilité kinétique de la terre, annuellement et journalièrement, ça suppose que le héliocentrisme ou acentrisme soit vrai. Au moins contestable.
Pour Aristote et saint Thomas la pésanteur et la légèreté étaient des qualités opposées. Pour les modernes elle n'est que plus ou moins densité de la masse qui, quand à elle, a pour tout objet un rapport fixe à la gravitation, variable seulement selon la quantité. Et biensûr la mobilité de masse ou de densité est en dernière analyse une mobilité purement kinétique, de mouvement purement local ou spatial plutôt.
"Ne conçoit-elle pas les corps comme des intersections des trains vibratoires?"
Bonne question. Pour moi ceci relève plutôt de science fiction "beam me up Scotty" avec la téléportation par dématérialisation et rématérialisation que du réel. le Roy aurait apprécie le film d'épouvante La Mouche. Mais je ne suis pas un scientifique professionnel. Comme linguiste latiniste je suis étudiant (avec études universitaires interrompues avant d'avoir de diplôme), comme chimiste ou biologiste (créationniste!) ou astronome (géocentrique!) purement amateur avec un savoir concentré sur mes questions de prédéliction.
"Avec le postulat de la pensée commune, tout mouvement s'explique par une immobilité et il faut bien alors une immobilité suprême comme principe suprême d'explication; en sorte que l'argument du premier moteur vaut ce que vaut le postulat initial, au point de paraître presque envelopper une petition de principe. Mais si l'on adopte l'autre point de vue, l'argument cesse d'exister, l'argument s'évanouit, parce que, les choses étant mouvement, il n'y a plus de demander comment elles reçoivent celui-ci."
Très claire confession du bouddhisme. Si le bâton est un mouvement qui s'enveloppe au point de ne pas apparaître comme mouvement, point besoin de se demander si le mouvement apparent est reçu de la main. Tout s'explique parce que le bâton est mouvement par essence. Et tout argument s'évanouit parce qu'on adopte un point de vue un peu abnorme, sans se prendre même le petit effort de se poser des questions normales à propos de ce point de vue et voir se l'argument évanoui pourrait alors réapparaître. Merci encore une fois pour la sourire du chat de Cheshire, Bergson, le Roy, Lord Kelvin. C'est au moins amusant.
Mais ça ne résout pas le problème autrement qu'avec un premier moteur lui-même non impliqué dans le mouvement en question, non mu dans la même dimension que le mouvement causé par lui, au stricte minimum, ni autrement qu'avec une première cause de toute stabilité, elle-même non causée.
En plus je reviendrais peut-être sur la question si l'impossibilité d'un regrès depuis l'infini n'exclut pas aussi la possibilité de se contenter d'un premier moteur non mu par le mouvement en question mais mu autrement, ceci en chaque mouvement considéré. Je me souviens de quelque chose comme ça de chapitre 13 du premier ou deuxième livre de Contra Gentes.
Et après la tertia via sera à considérer si les trois premières voies n'impliquent pas juste ce que croient les matérialistes athées de nos jours. Mais aussi si ça ne sera pas resolvable plus tard quand saint Thomas considère la simplicité de Dieu (ce que les athées acceptent réellement comme "Dieu" dans le sens des premières trois voies étant composé et non simple). Et biensûr si les voies quatres et cinq ne supplémentent pas pour donner déjà dans les cinq voies un Dieu personnel, donc du théisme. À suivre donc ...
Hans-Georg Lundahl
Bibliothèque Louvre
St Clet, Pape et Martyr
26-IV-2013
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