Je pourrais spéculer pourquoi, et il semble assez apparent pourquoi la plupart des pages manquaient. Il s'agit de "Le Lion et la Sorcière blanche, traduit par Mme E.-R. Blanchet" et donc vous pouvez déjà deviner.
a) Il n'y a pas de Noël dedans.
b) Il n'y a pas non plus le sacrifice et la résurrection d'Aslan.
On sait qu'il y a deux religions non chrétiennes qui trouvent de l'horreur dans l'Incarnation et la Mort et Résurrection de Dieu.
Mais je dois dire que la traduction laisse parfois à souhaiter.
Pour ceux qui ont lu cette traduction, et connaissent l'original, quand Edmund décide de "let down" Lucy, la bonne traduction n'est pas qu'Edmond "abandonna" Lucie, mais qu'il la "déçut" ou "laissa tomber" ou "lui fit faux bond" ... il n'était pas juste un soutien qui se rétirait, il était un témoin qui la lâcha par un mensonge.
Ou le professeur "était veuf" quand en l'original il simplement "had no wife" ... pour ceux qui ont lu Le Neveu du Magicien c'est un peu mystérieux pourquoi Digory Kirke n'épousa jamais Polly Plumber. C'est sûr à partir de La Dernière Bataille Polly, comme lui-même, était toujours vivante jusqu'à l'accident de train. Pourtant, "he had no wife" ...
Comme vous avez peut-être pu deviner, les finesses philosophiques ne sont pas non plus au rendez-vous dans la traduction.
— Enfin, monsieur, quand une chose existe... elle existe !
— Vous croyez ?
Le Professeur semble ici mettre en doute la stabilité de la substance, position philosophique horripilante.
En anglais il y a une autre chose:
"Well, Sir, if things are real, they're there all the time."
"Are they?" said the Professor
Il y a deux traductions possibles, qui entre les deux mettent en valeur la confusion conceptuelle de Pierre :
— Enfin, monsieur, si des choses sont réelles, elles sont toujours au-rendez-vous
ou
— Enfin, monsieur, si des choses sont réelles, elles existent toujours
Sur quoi le professeur répond "vous croyez ?"
La première me paraît la plus apte.
Par les romans ou d'autres œuvres du fantastique traitant de ce que l'anglais appelle "portals" / "portails" ... des conduites surnaturelles ou quasiment entre deux mondes ou entre deux plans de la réalité, surtout hormis deux périodes historiques ... la Narniade est quasi la grande référence pour le côté philosophique. Narnia ne cesse pas d'exister juste parce que le portail entre notre monde et Narnia ne reste pas ouvert tout le temps. Tel est le concept.
Pour les niponisants, le genre de "portal fantasy" est assez proche de ce qu'en Japon on appelle Isekai ten'i. Les isekai moderne, donc à part le folklore japonais, commencent avec un Haruka Takachiho qui est né l'année après la parution de ce premier roman de la Narniade.
Émile-R. Blanchet, selon le site Amazon, s'est démarquée en tant que traductrice de Somerset Maugham, un auteur très différent de C. S. Lewis, et il y a aussi des articles ou histoires par elle, si c'est bien la même, dans L'Écho des Alpes. Espérons que les traductions par Anne-Marie Dalmais soient meilleurs.
Pour noter les différences entre les auteurs, quand une loi ou loi envisagé fit de chaque personne né sur le sol français un citoyen, donc apte à servir dans l'armée française, Robert Ormond Maugham arrangea pour que sa femme accouche dans une maternité de l'Ambassade française à Paris. Dans la Grande Guerre, William Somerset Maugham était trop vieux pour s'enroler, mais fit brancardier pour la Croix Rouge. C. S. Lewis, aussi fils d'avocat, s'enrôla dans l'OTC (Officers' Training Corps) en 1917, avant d'être enrôlé comme quasiment Cadet de la défense, et s'en aller en Somerset Light Infantry comme sous-lieutenant. Ou dans le fait que le seul roman que j'ai lu de Somerset Maugham impliquait un mélange entre sorcier et hypnotiste très abusif, sa victime féminine, et l'amoureux (ex-fiancé) de celle-ci. Un intrigue que C. S. Lewis orait écarté comme donnant occasions à l'impureté, comme trop sombre aussi. Y compris pour ses romans pour adultes.
Ou encore, parmi les 100 meilleurs romans du 20e siècle, un jury élitiste place Somerset Maugham à la place 66. Les 100 meilleurs romans de tous les temps par The Guardian place, non C. S. Lewis, mais bien son ami Tolkien, à la place 64. Les deux listes omettent celui de l'autre liste et les deux listes omettent C. S. Lewis, ce que certains anglophones prennent mal. Genre comme les suécophones ont mal aimé les décisions des Prix Nobel, jamais à notre Astrid Lindgren.
Reste que la génération qui aurait dû bâtir en France la réputation de C. S. Lewis n'ait pas eu un excellent accès. La Bibliothèque du Chat perché fait paraître quatre des sept entre 1980 et 1984. Seuls deux en avaient été traduits pour l'Idéal-Bibliothèque. En 1952 et 1953. La série complète n'est pas parue en français qu'en 2001. S'il y a des incultes qui prétendent que le Monde de Narnia soit une niaiserie pour enfants, ils devraient être sur-représentés parmi les francophones non anglisants. À titre de comparaison, en suédois les parutions sont entre 1958 (débutant avec Le neveu du magicien) et 1976. Et en allemand entre 1957 et 1981. La génération de ma mère en Suède y a eu accès, la génération d'Alain Sanders en France, non.
Hans Georg Lundahl
Paris
St. Jean Apôtre
27.XII.2024
Apud Ephesum natalis sancti Joannis, Apostoli et Evangelistae, qui, post Evangelii scriptionem, post exsilii relegationem et Apocalypsim divinam, usque ad Trajani Principis tempora perseverans, totius Asiae fundavit rexitque Ecclesias, ac tandem, confectus senio, sexagesimo octavo post passionem Domini anno mortuus est, et juxta eamdem urbem sepultus.
No comments:
Post a Comment